L'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) vient d'apporter son grain de sel au vaste chantier de la réforme des régimes de sécurité sociale. L'organisation patronale qui compte des représentants au sein de la commission de la protection sociale, aux côtés de ceux du Gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), plaide, en premier lieu, pour que le relèvement de l'âge du départ à la retraite se fasse d'un commun accord entre le salarié et son employeur au niveau de l'entreprise et non de façon généralisée suite à un accord entre les partenaires sociaux. L'organisation patronale propose également la révision du rendement des annuités et du salaire de référence. Au niveau de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS), le salaire de référence est actuellement calculé sur la base de la dernière rémunération ayant fait l'objet de retenues pendant une période minimum de 3 ans tandis que le rendement des annuités est de 2% pour les dix premières années, 3% pour les dix deuxièmes et 2% pour les années restantes. Au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), la pension de retraite est calculée selon un rendement des annuités comme suit : 4% pour les dix premières années et 2% pour les reste avec un plafond de 80% du salaire de référence qui est la moyenne des dix années précédant l'âge d'ouverture du droit à la retraite. L'UTICA suggère, d'autre part, la révision à la hausse du nombre minimum de travail ouvrant le droit à la retraite à 10 ans et l'élaboration d'une stratégie souple de recouvrement des créances des caisses sociales. Lors de sa récente réunion à Hammamet, la commission administrative nationale de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a approuvé la proposition du gouvernement portant sur le relèvement de l'âge du départ à la retraite à condition que cette augmentation des années de travail ne soit pas la même entre le secteur public et le secteur privé. La commission administrative a aussi approuvé le principe de la révision à la hausse des cotisations sociales si les autres parties concernées l'acceptent. L'UGTT a indiqué, dans ce cadre, qu'elle allait soumettre prochainement de nouvelles propositions pour renflouer les caisses sociales dont l'instauration de taxes sur les produits et services non essentiels comme les boissons alcoolisés, les cigarettes et les paris sportifs ainsi que l'intensification du recouvrement des créances et l'amélioration de la gouvernance des caisses et l'élargissement du parapluie de la couverture sociale au secteur informel. Le projet de réforme des régimes de sécurité sociale présenté par le gouvernement prévoit, en premier lieu, le relèvement de l'âge du départ à la retraite. Dans ce cadre, l'exécutif prévoit le relèvement obligatoire de deux ans de l'âge du départ à la retraite à 62 ans et une augmentation de trois années supplémentaires pour les fonctionnaires qui le souhaitent. Le projet du gouvernement prévoit aussi une hausse de 3% des cotisations sociales (1% pour les employés et 2% pour les employeurs) à l'instauration d'une contribution sociale généralisée de 1% sur les revenus bruts. Le gouvernement propose, par ailleurs, la révision du barème de calcul des pensions de retraite à travers le la révision du salaire de référence et du rendement des années de cotisation afin de mettre fin à la «générosité» des régimes de retraite dont le cadre légal date des années 60, une époque durant laquelle le nombre d'actifs était largement supérieur à celui des retraités. Pour compenser la baisse des revenus des futurs retraités que devrait engendrer la révision du barème de calcul des pensions, l'intérêt se porte sur l'encouragement du recours aux régimes de retraite complémentaires. Ainsi, les salariés souhaitant augmenter leurs pensions de retraite pourraient souscrire à des régimes de retraite complémentaire qui seraient gérés par des compagnies d'assurances. L'UTICA désapprouve certaines mesures du PLF 2018 Le conseil d'administration de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), a exprimé son mécontentement de certains textes et dispositions inscrits dans le projet de loi de finances pour l'année 2018. La centrale patronale souligne que ces dispositions alourdiront davantage les charges supportées par les entreprises organisées avec des taxes additionnelles, des contributions sociales élevées, estimant que la pression fiscale très importante, aura un impact négatif sur la compétitivité des sociétés, sur l'investissement et la création de nouveaux emplois. Dans un communiqué publié, hier, à l'issue de sa réunion tenue, jeudi à Tunis, le conseil souligne que le contenu du projet aura un impact sur la pérennité des entreprises économiques et menacera leur stabilité. "Ces mesures, précise encore la même source, n'ont pas pris en considération les propositions et les recommandations de l'UTICA relatives à l'investissement, l'emploi et l'amélioration du climat d'affaires, ainsi que la mise en place d'une stratégie de sauvetage économique". Le conseil d'administration de l'UTICA est composé des membres du bureau exécutif national et des présidents des Unions régionales ainsi que les présidents des fédérations sectorielles.