Le gouvernement devrait procéder prochainement à un nouvel «ajustement» de 50 millimes des prix de vente au public des produits pétroliers (essence super sans plomb, Gazoil Super et Gazoil) pour réduire la facture des subventions énergétiques, apprend-on de source officielle. La nouvelle augmentation des prix prévue intervient alors que le prix du baril de pétrole a dépassé le jeudi 17 mai le seuil symbolique des 80 dollars pour la première fois depuis novembre 2014. Cette hausse est spectaculaire vu que le cours du baril tournait encore autour de 50 dollars il y a tout juste un an. Elle s'explique essentiellement par les incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient et au Venezuela. Les Etats-Unis ont en effet décidé de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions contre ce pays, ce qui fait planer l'incertitude sur l'avenir de la production pétrolière iranienne. Le Venezuela ne produit, par ailleurs, que 1,43 million de barils jour, son plus bas niveau en 33 ans, en raison des troubles politiques qui secouent ce pays membre de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). Selon les prévisions, la subvention des hydrocarbures pour 2018 coûtera à l'Etat 4 milliards de dinars, contre 1,5 milliard de dinars prévus dans le cadre du budget de l'Etat pour l'année 2018 de cette hausse impressionnante du prix du baril. La loi de finances pour l'exercice de 2018, nos scénarios se sont basés sur les estimations des institutions internationales qui tablaient sur un prix du baril moyen de 54 dollars. Selon les calculs du gouvernement, chaque augmentation d'un dollar du prix du baril du pétrole entraîne un manque à gagner de 120 millions de dinars pour le budget de l'Etat, tandis que chaque dépréciation de 10 millimes du dinar tunisien par rapport au dollar américain génère un manque à gagner supplémentaire de 30 millions de dinars. En 2018, il y'a eu deux augmentations de prix des produits pétroliers de 50 millimes par litre chacune. La première hausse de prix est entrée en application le 1er janvier, tandis que la deuxième date du 31 mars. Le prix de l'essence sans-plomb est ainsi passé en l'espace 8 mois de 1750 millimes le litre en juillet 2017 à 1850 millimes actuellement. Le prix du Gasoil 50 est quant à lui passé de 1510 à 1610 millimes, et le Gasoil de 1230 à 1330 millimes le litre. Le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé dans un rapport publié le 13 avril, à l'issue de la visite d'une mission d'experts de réduire davantage les subventions énergétiques pour restaurer les équilibres des finances publiques. «Pour faire baisser le déficit budgétaire conformément à l'objectif de la loi de finances 2018, il est nécessaire de réduire les subventions énergétiques, injustes, en augmentant les prix domestiques de l'énergie afin de suivre l'évolution des prix internationaux du pétrole», a souligné l'institution. Selon la Banque mondiale, les subventions représentent 7% du PIB et deux tiers d'entre elles sont réservées à l'énergie. Les subventions à l'énergie sont de nature régressive, ce qui signifie qu'elles bénéficient beaucoup plus aux ménages riches qu'aux ménages pauvres. Parmi les subventions à l'énergie, celles profitant à l'électricité et au GPL sont les moins régressives alors que celles profitant au diesel et à l'essence sont les plus régressives. La Banque mondiale souligne cependant que la levée des subventions énergétiques en l'absence de mesures additionnelles de compensation risque d'augmenter la pauvreté de 2,5 points de pourcentage. Elle recommande dans ce cadre l'adoption une politique de ciblage pour canaliser, totalement ou partiellement, les économies budgétaires issus de la réduction de ces subventions vers les ménages pauvres.