Le bras de fer mené par le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, et par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) se poursuit dans le cadre de la préparation de la version finale du Document de Carthage numéro 2. Après avoir insisté lors de la dernière réunion de la Commission technique sur la nécessité de remplacer l'actuel président du gouvernement, Youssef Chahed, par une personnalité compétente et neutre, Caïd Essebsi junior a choisi de l'attaquer en publiant, pour ne pas changer, un texte sur sa page officielle Facebook. Un texte où il a accusé Chahed de tous les maux du pays. Un texte qui s'est voulu ironique et moqueur mais qui, en réalité, n'a fait qu'empirer la situation de celui qui est supposé le plus soutenir Youssef Chahed vu qu'il dirige le parti qui a remporté les élections de 2014 et vu que l'intéressé est issu du même mouvement. Hafedh a adressé son texte à ceux qui dénoncent son appel à l'éviction de l'actuel gouvernement en leur demandant de lui parler plus de cette stabilité qu'ils veulent préserver. Indicateurs économiques, glissement du dinar tunisien, crise des finances publiques, réserves en devise, classement de la Tunisie sur plusieurs listes noires, taux d'endettement et bien d'autres torts ont ainsi été dressés sur la liste du bilan du gouvernement Chahed perçu par Hafedh Caïd Essebsi qui n'a rien laissé à l'opposition. Comme il l'a fait avec Habib Essid, le fils du président de la République semble aujourd'hui déterminé à évincer Chahed au profit, dit-on dans les coulisses, de l'un des cousins de sa mère, un certain Khalil Lajimi qu'il présente comme une personnalité nationale compétente et totalement indépendante... Par son texte, le directeur-exécutif de Nidaa Tounes a cherché à expliquer sa position affirmant que tout ce qu'il entreprend ne peut en aucun cas être interprété dans le mauvais sens parce que lui aussi est motivé par l'intérêt suprême du pays. Il aura donc fallu au concerné plus de deux ans pour comprendre que Youssef Chahed et son équipe, dont dix ministres sont du Nidaa, ne sont que des incompétents indignes de leurs postes et de leur mission. Réagissant à cette publication, l'ancien ministre et ancien dirigeant du mouvement de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, a publié à son tour un texte où il a appelé les autorités à arrêter Hafedh Caïd Essebsi en le qualifiant d'idiot qui est en train de conduire le pays vers le gouffre. Lazhar Akermi a affirmé que seule l'arrestation de Caïd Essebsi junior peut délivrer et le pays et le président de la République lui-même... Un président qui n'a toujours pas réagi aux propos de son fils bien que la porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrach, ait publiquement déclaré que l'évincement de Youssef Chahed ne peut être la solution et que seule la stabilité politique peut garantir une issue pour le pays en crise. D'ailleurs, le texte du directeur-exécutif du Nidaa répond, en partie, à la déclaration de la présidence de la République ce qui affirme la théorie selon laquelle Béji Caïd Essebsi serait totalement opposé à l'appel de son fils Quoiqu'il en soit, ce nouveau feuilleton des caprices de Hafedh laisse un goût amer et conforte l'idée que le pays est sans commandant...