En dépit des décisions prises par le bureau exécutif de Nidaa Tounes qualifiant la réunion du week-end dans l'île de Djerba d'informelle, les adhérents du clan réformiste du mouvement se sont rassemblés et ont émis des recommandations portées à l'attention du comité constitutif du Nidaa. Gel d'adhésion et demande d'un congrès Présentées par Khemaïs Ksila, les recommandations se résument essentiellement en deux points : le gel d'adhésion du membre du bureau politique, Abdelmejid Sahraoui et du ministre démissionnaire, Lazhar Akermi. La deuxième requête consiste en la tenue d'un congrès constitutif suivi d'un congrès électif et ce avant la fin du mois de décembre 2015. Connus pour leur fervente opposition à voir Hafedh Caïd Essebsi présider le mouvement fondé par son père, Lazhar Akermi et Abdelmejdi Sahraoui se sont employés, depuis quelques semaines, à lutter contre le mouvement réformiste dirigé par Hafedh Caïd Essebsi. Ayant abandonné son poste au sein de la présidence du gouvernement, Akermi a fait comprendre avoir l'intention de s'engager aux côtés de Mohsen Marzouk, actuel secrétaire-général du Nida, contre tous ceux qui tentent d'affaiblir les structures officielles du mouvement. De son côté, et faisant partie de la seule structure élue du Nida – en l'occurrence le bureau politique – Sahraoui a adressé une lettre à l'intention du comité constitutif et politique où il a fermement dénoncé les pratiques du clan réformiste et de son chef. Cet acharnement a valu aux deux responsables une campagne de dénigrement sans précédent. La dernière a été menée par Chafik Jarraya qui a menacé Sahraoui de le soumettre à des examens médicaux et tout en qualifiant Mohsen Marzouk de ‘notaire public sans plus'. Quand Carthage et la Kasbah s'installent à Djerba Dirigée par le directeur du cabinet présidentiel, Ridha Belhadj, l'équipe de Carthage – Saïda Garrach, Fayçal Hafiène et Rabiaa Nejlaoui – a marqué sa présence à cette réunion. Dans une déclaration médiatique, Ridha Belhadj a tiré à boulets rouges sur le président par intérim du mouvement, Mohamed Ennaceur. Etant absent de la réunion, Mohamed Ennaceur a été accusé de ne pas consacre assez de temps pour s'occuper des affaires internes du Nidaa, contrairement à Béji Caïd Essebsi qui y consacrait tout son temps. Profitant de cette absence, Ridha Belhadj a même indiqué avoir l'intention de proposer à Ennaceur à choisir entre la présidence du mouvement et la présidence de l'ARP lors du congrès électif du mouvement. Boujemaâ Rmili n'a pas été épargné puisque Ridha Belhadj a appelé à la nécessité de changer le porte-parole du mouvement. Contrairement à Mohamed Ennaceur, Slim Chaker, Salma Elloumi ou encore Néji Jalloul ont réussi à se libérer pour assister à la réunion. À ce sujet, le ministre des Finances a expliqué que même s'il est totalement occupé avec les affaires de son ministère, il a toujours trouvé le temps pour s'occuper des affaires internes du mouvement dont il est l'un des fondateurs. Pour lui, assister à la réunion de Djerba est synonyme de tentative de sauver le Nidaa de la division qui le menace de plus en plus. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, a préféré ne pas prendre l'avion pour Djerba. Cependant, quelques médias ont affirmé que cette absence ne manifestait aucunement une opposition au clan réformiste. À cette affirmation, Baccouche a assuré n'avoir pris aucun parti. Bien que le clan de Caïd Essesbi Junior existe depuis des mois, la réunion de Djerba a mis en évidence la scission de Nidaa Tounes : d'un côté le bureau politique et une partie du comité constitutif, de l'autre, les membres des équipes présidentielle et gouvernementale sans oublier le reste des membres du comité constitutif. Officiellement, Nidaa Tounes est représenté auprès de la présidence du gouvernement par son bureau politique: parler de la dissolution de ce bureau pourrait mener à la dissolution de tout le mouvement comme l'assurent plusieurs politologues. Plus important encore, ce même bureau a été élu pour mettre fin aux tiraillements partisans et pour préparer le premier congrès national du mouvement. Mais depuis son élection, et vu que les adhréants du clan réformiste ont connu une large défaite au vote, ce bureau n'a jamais pu exploiter ses prérogatives et n'a atteint aucun des objectifs qu'il s'est fixés. Si, en apparence, les principaux acteurs de cette bataille semblent être Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essesbi, l'une de nos sources, proche du mouvement et du cabinet présidentiel, nous a assuré que tous ces désaccords remontent à une veille querelle entre Ridha Belhadj et Mohsen Marzouk du temps où ce dernier exerçait ses tâches de conseiller politique auprès du président de la République. Ridha Belhadj aurait décidé de soutenir la montée de Caïd Essebsi junior aux commandes du Nidaa afin de voir son rival, Marzouk, complètement mis à l'écart. Affaire à suivre. Salma BOURAOUI * Possible coopération avec l'Initiative destourienne pour un programme de salut national Les secrétaires généraux des partis de l'Initiative nationale destourienne et de Nidaa Tounès, respectivement Kamel Morjane et Mohsen Marzouk, ont eu, hier, une réunion au cours de laquelle ils ont discuté de la situation en Tunisie. Les deux parties ont insisté sur la nécessité, pour les différentes parties politiques, de débattre et de se concerter au sujet des grandes questions nationales touchant l'avenir du pays. Joint par l'Agence TAP, Kamel Morjane a indiqué que la rencontre a porté sur la situation générale en Tunisie et sur une possible coopération entre les deux partis en vue de convenir d'un programme de salut national, « une idée que le parti avait déjà proposée ». Il a estimé que la situation actuelle en Tunisie est « difficile », en particulier face au danger du terrorisme, ce qui, a-t-il dit, exige « un large consensus et une forte cohésion autour du gouvernement ». Il a rejeté toute « ingérence étrangère dans la prise des décisions ». Kamel Morjane a, d'autre part, relevé que ce qui se passe, aujourd'hui, au sein de Nidaa Tounès est une « affaire interne », ajoutant, toutefois, que cette situation a des répercussions sur le pays. Selon lui, il faut trouver un compromis entre les dirigeants et responsables de Nidaa pour l'intérêt de la Tunisie. La rencontre s'est déroulée au siège du parti de l'Initiative nationale destourienne.