Par Khaled Guezmir Carthage « 2 » bloque à son tour après avoir adopté en compromis plus de 63 mesures qui doivent faire notre bonheur (sic), d'ici fin 2019 et s'ajouter à toute la législation abondante du dirigisme d'Etat en constante expansion. Cette fois-ci, c'est le « Boss » à Carthage qui relance la manœuvre en se mettant en « observateur » du haut de la colline (tiens les hauteurs de Maâlaga ne sont pas très éloignées du Palais présidentiel) et à l'abri de tous les pièges possibles en ces termes : « Je suis une haute autorité élue et respectueuse des Institutions constitutionnelles... C'est au Parlement de désigner le (nouveau) président du gouvernement... si nécessaire » ! Quoi de plus logique ! La trouvaille de BCE, grand routier de la politique politicienne, fait montre de sa grande maîtrise, quand il a le dos au mur entre des choix plus que difficiles. Finalement pour revenir à la stricte « légitimité », d'où Youssef Chahed tient-il la sienne ?! Du parti Nida Tounès... que dalle ! L'Etat major autour de Hafedh Caïed Essebsi, Directeur exécutif depuis le fameux Congrès de Sousse, n'a jamais cautionné de façon inconditionnelle l'ascension du président du gouvernement qui a toujours joué « discret » au sein du parti en comparaison avec les Mohsen Marzouk, Néji Jalloul et même Faouzi Elloumi. Le bon vent a voulu qu'il soit chargé d'une mission spéciale par le Président fondateur du Parti Béji Caïed Essebsi pour réconcilier les inconciliables après « Sousse » et qui ont fini par quitter le Parti et en créer d'autres comme le Machrou, le Bédil etc... Le même bon vent a fini aussi par éclairer la bonne étoile de Y. Chahed après le départ de son prédécesseur Habib Essid et la recherche par BCE d'un profil « Cadre technocrate compétent » nouvelle génération pour porter son choix sur l'actuel locataire de la Kasbah. D'une pierre deux coups. Le président du gouvernement jeune et apte à consacrer beaucoup d'énergie dans le traitement des dossiers brûlants de l'économie, doit faire preuve de discipline et apprendre le métier de « gouvernement », aux côtés de l'homme d'expérience qu'est BCE. Par ailleurs son profil original et sa carrière de technocrate international étaient plutôt rassurants, pour les « dinosaures » et autres éléphanteaux de Nida Tounès et de la garde rapprochée du Président de la République. Mais voilà que les choses se compliquent, à partir du moment où son action, pour différentes raisons, a commencé à déborder du champ technocratique pour coller de plus en plus à la politique. Parmi ces raisons l'affaiblissement de Nida Tounès, qui a perdu un terrain précieux dans l'espace de la mobilisation et du commandement populaire et politique, par rapport à son concurrent le plus subtil et le plus manœuvrier. En effet, le Parti Islamiste Ennahdha, mené par un Rached Ghannouchi au sommet de son art avec toute la patience et l'adaptabilité, armes essentielles dans la quête du pouvoir s'affirme comme incontournable. A ce propos et pour relever la manœuvre de Ghannouchi qui sait plier devant les obstacles, pour sortir indemne et reconvertir ses faiblesses en force offensive, comme ce fut le cas avec les municipales, rappelons qu'il a été contre les « ambitions » et les velléités de plus en plus claires de Youssef Chahed briguant la magistrature suprême en 2019, alors qu'aujourd'hui il lui affirme son soutien ... Les voies de Ghannouchi et du Seigneur sont, encore une fois, impénétrables ! Aujourd'hui et avec les bonnes percées économiques et les prémisses sérieuses de relance, que peut - il arriver de mieux ou de pire à Youssef Chahed, s'il devait prendre la porte de sortie du Palais de la Kasbah !? Pas grand-chose à notre humble avis. Même s'il ne s'agit pas de la grande porte, il garde toutes ses chances intactes pour 2019 et après si les vents favorables continuent à le pousser vers un grand destin politique, qu'il n'a peut-être pas choisi ! Et , là, il n'a plus le choix. C'est du pur Shakespeare « To be or not to be » être ou ne pas être. Ou bien il prouve qu'il a les germes du « Commandement » et il doit s'y investir, ou bien il rejoindra le convoi des hauts cadres qui n'ont pas démérité mais sans marquer leurs passages de la Kasbah vers Carthage ! L'Histoire retient, que seuls Bourguiba, Ben Ali et Béji Caïed Essebsi ont pu faire le cursus complet de Premier Ministre à Président de la République. Alors Youssef Chahed a son destin entre les mains mais personne ne peut jouer à sa place ! Pour le moment il fait le dos rond et ne pipe pas mot... Jusqu'à quand ?? Eh, oui, la politique c'est comme la mort... On meurt toujours... Seul ! K.G