Le système éducatif tunisien a montré ses limites, après les «pseudo-réforme» qui n'ont fait qu'empirer la situation, avec comme résultats, des centaines de milliers de gosse qui n'arrivent pas émerger et des milliers de diplômés du supérieur dont la majorité ne peut être utile dans la vie professionnelle, sauf si on leur accorde la possibilité pour se recycler, parfois, même, dans des secteurs autres que ceux de leurs études. Ce constat malheureux vient d'être confirmé par le concours d'accès aux collèges-pilotes, examen communément connu par la « Sixième », et celui de la neuvième pour les lycées-pilotes. Malgré la disponibilité des places, dans ces deux concours, il n'a pas été possible de les remplir, surtout que la possibilité d'obtenir une moyenne de 15/20 n'a pas été atteinte pour les dizaines de milliers de candidats. Dans ce sens, il faut chercher à qui imputer la faute, surtout que les aléas sont multiples, notamment un régime d'enseignement qui n'est plus adapté, des enseignants parfois peu formés ou qui ont passé la grande partie de l'année à protester et à observer des grèves à répétition et des élèves dégoutés de l'école publique, avec les bouleversements qu'elle connait, pour chercher une échappatoire dans l'enseignement privé. En outre, un bras-de-fer vient d'être engagé entre le ministère et les parents d'élèves qui exigent de remplir les places, même si les candidats ont moins de 15/20 comme moyenne. Toutefois, ils doivent savoir que faire partie de l'élite a son prix et qu'on n'a pas le droit de banaliser l'accès au écoles pilotes. Pourtant, l'Organisation tunisienne pour l'éducation et la famille (OTEF) et l'Association tunisienne pour l'éducation de qualité ont appelé à une mesure exceptionnelle permettant aux élèves lauréats l'accès aux collèges et lycées pilotes ou à une session de rattrapage exceptionnelle au début de septembre prochain. «Compte-tenu de la situation exceptionnelle due au recul notable des résultats des concours d'accès aux collèges et lycées pilotes pour l'année courante, nous appelons à des mesures exceptionnelles similaires à celles prises par Bourguiba en 1986, dans des circonstances pareilles», souligne les deux organisations dans un communiqué commun. Toutefois, les deux organisations ont reconnu la «légitimité» du souci du ministère de l'éducation de veiller à préserver un certain niveau d'excellence en tant que condition d'accès aux établissements pilotes. Des parents d'élèves ont observé, samedi dernier, un sit-in à la place de la Kasbah pour protester contre le maintien par le ministre de l'éducation du seuil de 15/20 comme moyenne minimale exigée pour l'admission dans les établissements pilotes, en dépit du fait que le nombre des admis n'a pas atteint la moitié des postes. Un total de 1660 élèves a été admis aux collèges pilotes (via le concours de la 6ème) au titre de l'année scolaire 2018-2019 pour un potentiel de 3725 places dans ces établissements. D'autre part quelque 1364 élèves ont été admis cette année aux 26 lycées pilotes (concours de 9ème), pour une capacité d'accueil de 3150 places. Une session de rattrapage serait peut-être la solution, parce que personne ne doit cautionner la médiocrité et personne n'a le droit de réduire à néant les efforts de dizaines d'années pour donner à la Tunisie des compétences reconnues à travers le monde et qui sont exportées dans plusieurs pays. Bourguiba avait parié sur le capital humain tunisien et il ne faut pas le décevoir, encore une fois.