Suite à la suspension du Pacte de Carthage 2, le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes a publié un communiqué où il a expliqué que le gouvernement de Youssef Chahed, issu du premier Pacte de Carthage, n'est plus un gouvernement d'union nationale dans la mesure où il est devenu la source principale de la crise politique dans le pays. Il a annoncé également que Nidaa Tounes gardera sa réunion ouverte pour trouver une alternative à la crise actuelle et pour continuer les discussions avec les acteurs politiques et sociaux actifs sur la scène. Dénonçant les critiques et les attaques à l'encontre du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi a rappelé que son père représente la légitimité électorale accordée par le peuple et qu'il est, de ce fait, garant des consensus politiques et sociaux. Dans le même texte, il a répondu aux déclarations des dirigeants du mouvement d'Ennahdha en leur rappelant que son mouvement n'a pas de leçons à recevoir sur les intérêts généraux de l'Etat et sur sa stabilité expliquant que ces points ne doivent pas devenir un sujet de surenchère politique. Ce communiqué a été publié tard dans la soirée du lundi alors que certains affirmaient que Nidaa Tounes allaient tenir une conférence de presse pour annoncer le retrait de ses ministres du gouvernement actuel. Apparemment, Caïd Essebsi junior n'a pas réussi à convaincre tous les ministres et les secrétaires d'Etat ce qui l'a amené à faire ces annonces en attendant de trouver une alternative parce que, comme il n'a cessé de le répéter la semaine dernière, pour lui le sort de Youssef Chahed est déjà fixé et son départ n'est plus qu'une question de temps. De son côté, et après avoir suspendu le Pacte de Carthage 2, le président de la République est parti en France laissant la scène politique en plein chamboulement. Entre ceux qui assurent que les discussions reprendront dès son retour et ceux qui crient victoire et affirment que cette suspension veut tout simplement dire que Béji Caïd Essebsi tient encore à Youssef Chahed et compte l'aider à se maintenir jusqu'aux élections de 2019, le flou et l'incertitude n'ont jamais été aussi intenses. Toutefois, la vraie grande question qui doit être posée, et dont la réponse échappe à tout le monde, et qui peut à elle seule résoudre l'énigme de tout ce qui se trame est la suivante : est-ce que Hafedh agit de son propre chef ou est-il juste en train d'exécuter les consignes et ordres de son paternel ? Et si Béji Caïd Essebsi était en train de tirer toutes les ficelles et de manœuvrer tranquillement laissant tous ceux qui l'entourent endosser le mauvais rôle ? Cela reste probable comme restent probables tous les scénarios et toutes les versions possibles et imaginables... Entre-temps, Rached Ghannouchi, le chef des islamistes, continuent à tirer tous les profits en réussissant de faire d'une pierre deux coups. En annonçant être contre un changement gouvernemental global et donc un soutien clair à Youssef Chahed, le chef d'Ennahdha s'est positionné comme étant le seul acteur qui se préoccupe réellement de la stabilité immédiate de la politique tunisienne. Avec ce même soutien, il laisse aussi sous-entendre que Chahed, rejeté par son propre mouvement, peut être l'enfant de cœur d'Ennahdha qui le soutient contre vents et marrées. N'oublions toutefois pas que Ghannouchi a déjà appelé, l'année dernière, le président du gouvernement à ne pas se présenter aux élections de 2019. Cette condition peut très bien renouvelée du côté d'Ennahdha en tant que monnaie d'échange contre ce soutien.