Les signataires du Document de Carthage devront présenter, dans les deux jours à venir, le nouveau document, préparé par la Commission technique, au président de la République pour en valider le contenu et procéder à son exécution. Le nouveau document stipule que le président du gouvernement d'union nationale et tous les membres de son équipe doivent s'engager à ne pas se présenter aux élections de 2019. Cela confirme la théorie qui indique que Youssef Chahed sera mis devant deux choix : soit il abandonne ses projets d'avenir et son éventuel objectif à se présenter à la Présidentielle de 2019 pour pouvoir continuer son mandat, soit il quitte illico presto la Kasbah et attend vingt mois avant de pouvoir s'accaparer la scène politique en vue d'une campagne électorale. Si certains affirment que Chahed ne fera que ce que lui dira de faire le Président de la République, d'autres estiment qu'il finira par trouver sa propre voie loin de toutes les manœuvres actuelles. Les premières réponses nous viennent toutefois du côté du mouvement de Nidaa Tounes dont le porte parole, Mongi Harbaoui, a affirmé que le Nidaa est engagé à respecter toutes les décisions qui émaneront du nouveau Document de Carthage, que cela soit relatif à un remaniement ministériel partiel ou large ou même à un changement gouvernemental. Mongi Harbaoui a déclaré que Nidaa Tounes n'est plus attaché au pouvoir et qu'il n'est plus intéressé par celui ou celle qui le récupéreront. Réagissant à cette déclaration, la député du bloc de Nidaa Tounes à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Wafa Makhlouf, a exprimé sa désolation de voir Youssef Chahed lâché par son propre mouvement dont les dirigeants, toujours selon la concernée, seraient en train d'appuyer le changement gouvernemental juste pour une question d'égos. Toujours selon la députée, la direction actuelle du Nidaa, présidée par Hafedh Caïd Essebsi, n'aide en rien le président du gouvernement qui ne peut compter que sur lui-même. Il est vrai que la position de Nidaa Tounes par rapport à Youssef Chahed ne représente rien de nouveau ; entre ce dernier et le directeur-exécutif du Nidaa, la tension a toujours primée. Certains assurent qu'il s'agit d'une lutte de pouvoir alors que d'autres affirment que la divergence est d'ordre familial. Quoiqu'il en soit, et depuis que Béji Caïd Essebsi a été propulsé à la magistrature suprême, nous avons pris l'habitude de voir les désirs de son fils exécutés tels des ordres providentiels. Ennahdha – qui a continué de soutenir clairement l'ancien président du gouvernement Habib Essid, même lorsque son départ était devenu une évidence – continue de bien cacher son jeu en laissant apparaître son soutien à l'équipe actuelle tout en mettant tout son poids pour empêcher son chef et ses ministres de pouvoir se présenter aux échéances électorales de 2019. Le chef du mouvement islamiste, Rached Ghannouchi, a d'ailleurs été le premier à avoir appelé Chahed, en août 2017, à ne pas se porter candidat à la Présidentielle de 2019.