Le «Test» grandeur nature attendu à l'ARP dans les jours ou semaines qui viennent, pour la confirmation de la nomination du nouveau Ministre de l'Intérieur, pourrait se révéler très instructif sur les rapports de force, le jeu des alliances et les chances réelles du Chef du gouvernement Youssef Chahed à pouvoir tenir encore et rester à son poste d'ici la rentrée en automne ou même plus ! Beaucoup de réactions, certaines fantaisistes (certainement avec la chaleur de l'été), et d'autres plus réalistes et plus lucides, sur le net quant à la désignation de M. Hichem Fourati à la citadelle grise de l'Intérieur et de la sécurité nationale, Avenue Bourguiba. «Nahdhaoui» ou «pas Nahdhaoui», décidément ce syndrome de la peur de l'islamisme politique traumatise les Tunisiennes et les Tunisiens ! Pourtant le profil du nouveau patron des forces de sécurité est plus que rassurant. De la Fac de Droit à l'ENA-Sup, il fait carrière à la maison fondée par feu Taïeb M'hiri, se fait nommer gouverneur de Monastir juste après la Révolution, tout un symbole du Bourguibisme, et puis Chef de Cabinet du Ministre depuis Février 2015... que veut-on de plus ? Par ailleurs Youssef Chahed semble vouloir apaiser toutes les suspicions autour d'un poste et d'une charge aussi sensibles, après toutes les rumeurs pratiquement incessantes et prolongées sur les «infiltrations» du Temple sécuritaire par les Islamistes d'Ennahdha, ce qui semble quelque part exagéré. Le profil du nouveau Ministre de l'Intérieur choisi, est donc plutôt, celui d'un haut cadre de l'Administration tunisienne jouissant d'un haut degré de neutralité politique de quoi satisfaire tous les partis en compétition. Ceci dit, la démarche semble pragmatique et porteuse d'une certaine image de sérénité du gouvernement, malgré le tumulte sur la scène politique, et les appels encore pressants de l'UGTT à travers son secrétaire général M. Taboubi qui rappelle à qui veut l'entendre que la centrale syndicale n'a pas changé de position quant à la nécessité du départ de Youssef Chahed malgré l'entame plutôt positive des négociations sociales. M. Taboubi ne connaît pas, peut-être, son bonheur et négocier avec un Chef de gouvernement «affaibli» ne peut que servir ses intérêts à obtenir ce qu'il veut, au niveau des augmentations salariales. Ennahdha et le subtil Cheikh Rached Ghannouchi, eux l'ont bien compris, et ils semblent vouloir tenir à Youssef Chahed, malgré les pressions du «Tawafouk» et ses exigences. De toute façon dans tous les cas de figure, c'est Ennahdha qui fait les bonnes affaires ! Affaiblir Carthage et la Kasbah ou les deux en même temps ne peut que servir les ambitions de plus en plus hautement exprimées, du Parti islamiste, à contrôler en 2019 l'appareil de l'Etat et ses trois présidences motrices, comme au bon vieux temps de la «Sainte» Troïka !! Entretemps, le pays continue à fonctionner quand même dans le bon sens, malgré le «mal» politique. On inaugure une usine de montage de 4x4 importante et prometteuse. On inaugure un tronçon d'autoroute stratégique, entre Médenine et Ras-Jedir, qui va améliorer les flux passagers entre la Tunisie et la Libye et donc les échanges commerciaux, de quoi pousser les Tunisiens à plus de désintérêt pour la politique et sa classe excitée, et hors du coup, avec pour seuls objectifs la carrière personnelle et l'intérêt particulier de ses acteurs. C'est quand même drôle... Tous les visiteurs y compris, les hauts décideurs de la finance mondiale, jouent et misent sur la prospérité possible et le renouveau de la Tunisie... sauf ses enfants ! Bizarre... non ! K.G