– Le forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a demandé aux autorités tunisiennes de "répondre à l'appel de détresse" de 40 immigrés clandestins, de nationalités africaines, bloqués pendant 13 jours à bord d'une embarcation, pour accoster au port de Zarzis, dans le gouvernorat de Médenine, et recevoir l'aide médicale et psychologique nécessaires. Ils auraient, certainement, accoster ailleurs, mais leur destin les a conduits en Tunisie, un pays aussi pauvre que le leur. Lorsque les politiques européennes deviennent criminelles et qu'il n'y a pas d'autre choix, on doit commencer quand même par sauver des vies, comme nous avons su le faire, depuis toujours. La Tunisie est face au fait accompli, avec des pays européens qui ont fermé hermétiquement leurs frontières, alors que tout ce qui se passe, au sud de la Méditerranée, est le résultat de leurs politiques d'appauvrissement et de marginalisation de peuples qui, en principe, doivent avoir de quoi se nourrir, dans leurs pays. Le système capitaliste ne pardonne pas aux plus pauvres et, actuellement, tous les pays sud-méditerranéens ont deux choix qui sont des plus difficiles à accepter. La Tunisie fait face à ce problème, surtout qu'elle n'a pas accepté le principe de l'installation de plateformes d'accueil des immigrés. Mais, comme les pays européens ont les moyens de l'imposer, le pays est devant le fait accompli, surtout qu'il a, toujours, assumé ses responsabilité, sur le plan humanitaire, comme il l'avait fait en accueillant environ un million de Libyens qui ne sont pas reconnaissants. Dans une déclaration rendue publique jeudi soir, le Forum met l'accent sur "la situation humaine difficile" de ces immigrés qui sont de nationalités somalienne et égyptienne et qui ont été secourus après une panne de moteur au large de Zarzis. Il a indiqué que l'embarcation a été contrainte de mettre le cap sur Zarzis, mais n'a pas reçu l'autorisation d'entrer au port, bien que certains des passagers aient besoin de soins médicaux et psychologiques. "L'Europe est en train de consacrer la politique du fait accompli des plateformes d'accueil des immigrés en Tunisie en refusant d'ouvrir ses portes à ces immigrés et en imposant une politique systématique de sanctions à l'encontre de tous ceux qui prennent part à des opérations de sauvetage, par le biais de restrictions à l'action des bateaux de secours des organisations humanitaires", écrit le forum. Il a condamné à cet égard les "politiques inhumaines des Etats de l'Union Européenne refusant d'assumer la responsabilité légale et humaine à l'égard des immigrés clandestins et les opérations de secours dans la mer qui ont conduit à des centaines de noyades depuis le début de l'année". Le forum a demandé aux pays européens de respecter les accords internationaux de recherche et de sauvetage maritimes ainsi que la loi maritime qu'ils ont signés, affirmant que "le coût humain des politiques migratoires européennes est une tragédie réelle continue et celles-ci expriment le rejet des lois et conventions internationales au risque de conduire à de nouvelles catastrophes humaines en méditerranée". De son côté, le président de la section du croissant rouge tunisien à Médenine, Mongi Slim, a déclaré à la correspondante de l'agence TAP, que les immigrés "sont toujours bloqués à 45 minutes du port de Zarzis, à proximité de la plateforme pétrolière dont les ouvriers leur avaient porté secours le 15 juillet courant". Il a précisé que les autorités tunisiennes ont prodigué, à trois reprises, les soins médicaux aux immigrés qui ont contracté la gale et qui comptent parmi eux deux femmes enceintes. Mongi Slim a lancé un appel pour "mettre un terme au clavaire de ces immigrés et de prendre une décision à leur égard de la part de la Tunisie, de l'Italie ou de Malte". Il avait indiqué auparavant que le refus de la Tunisie d'autoriser le bateau à accoster au port de Zarzis "est intervenu par réaction au refus de l'Italie et des autres pays européens d'accueillir les bateaux de secours". Les autorités italiennes ont fermé leurs ports à ces bateaux de sauvetage en Méditerranée, en exécution d'une mesure du nouveau gouvernement qui exige un partage du fardeau avec les pays européens pour l'accueil des immigrés clandestins, repêchés quasi-quotidiennement en Méditerranée. Le gouvernement italien avait même rejeté les privilèges financiers proposés par l'UE pour secourir les immigrés (7000 euros pour chaque immigré accueilli), outre la prise en charge des centaines d'experts pour l'aide à traiter le problème des personnes venant essentiellement d'Afrique pour chercher asile en Europe.