Le pavé balancé dans la mare par le premier Ministre Youssef Chahed autour de dépassements et d'irrégularités éventuelles des marchés et autres concessions pétrolières, n'a pas été perçu de la même manière par les observateurs et les acteurs en la matière sans parler de la classe politique qui louvoie avant de prendre le «bon wagon», à la lumière de ce qui peut suivre ! Disons tout d'abord pour calmer bien du monde excité au plus haut point par le Buzz médiatique provoqué par M. Iyed Dahmani porte-parole du gouvernement, que ces «Affaires» sont parties pour s'éternises, niveau enquêtes, et surtout niveau procédures judiciaires. En effet la Justice étant plus que lente de nature, car il y va du bien de la chose jugée ou la précipitation est mauvaise conseillère, ne risque pas de traiter le dossier en quelques semaines. Ça va prendre des mois et même quelques années pour décortiquer les conventions les contrats et toutes les lois anciennes et nouvelles qui ont fixé les droits des uns et des autres. Il y aura aussi un va-et-vient sur plusieurs parcours et dimensions, niveau expertises nationales et même internationales. Par conséquent tous ces bruits de satisfactions jugées «revanchards» pour les uns, et de critiques accusatrices de «manipulation» à caractère politique en vue d'échéances électorales pour les autres, ne sont que tempêtes passagères, car la présomption d'innocence est garantie par les lois et la constitution et le premier ministre lui-même y a fait allusion dans ces déclarations. Mais, au-delà de ce dossier épineux et de la mobilisation politicienne des uns et des autres, sur fond de lutte contre la corruption qui a pris une certaine dimension et un certain volume touchant le comportement général et les mœurs de notre peuple tout entier, ce qu'il faut revoir de fond en comble, c'est la Bureaucratie (avec un grand B.) !! Là, plus vous multipliez les procédures, les «polices», les contraintes et les formalités de plus en plus assommantes pour les petites gens et les citoyens impuissants à lutter et à s'opposer à ce fléau qui bloque les hommes d'affaires, les promoteurs, les exportateurs et tous les agents économiques et des services... plus vous créez le lit de la corruption à petite et grande échelle. Tout le monde est au courant des «mécanismes» bien ancrés dans la société, pour débloquer un projet qui traîne pendant des années et même des décennies et qui trouve solution «miracle» comme par enchantement en quelques heures, il suffit de «payer» ! Le phénomène est tellement banalisé, que beaucoup d'intervenants, trouvent ces «paiements» de commissions plus que normaux et naturels, comme au bon vieux temps des «Seigneurs» du Moyen âge à qui on payait la «Dime» pour avoir la paix et pouvoir jouir de sa propriété en toute quiétude. Ce phénomène ne date pas de la Révolution, mais bien avant avec la montée des «décideurs» de l'ombre ! Mais, en contrepartie, les affaires marchaient bien et les projets se réalisaient, une fois toutes ces procédures de contraintes levées. Et là tout le monde y trouvait son compte... y compris la croissance qui grimpe et la prospérité qui s'élargit. Bizarre... mais c'est comme ça ! Par conséquent faire croire que la «corruption» est bien la source de tous nos maux est fausse. Car on oublie les causes à la source et qui sont toutes liées à la Bureaucratie, à l'Etat prétorien et donc le plus d'Etat étouffant. Autre conséquence sur le plan politique, les gens votent «islamistes», parce que l'idéologie des partis religieux est libérale et très encourageante pour le commerce et la liberté d'entreprendre. « Inna Allaha Youhallibou attijarah wa Youharrimou arriba » (Dieu permet le commerce et interdit les intérêts illicites). Toutes les sociétés ont connu ce phénomène face à la «dictature» bureaucratique en tête l'Union soviétique et la Chine communiste. Or, pour éviter tous ces amalgames autour de la «lutte contre la corruption» perçue par beaucoup comme une épée de Damoclès, il faut s'attaquer à la source, faciliter les procédures et libéraliser au maximum l'investissement et les affaires, en contrepartie de contributions légales et fiscales raisonnables permettant à l'Etat de garder son rôle d'équilibreur et de promoteur du développement pour les catégories et les régions démunies et défavorisées. Il faut commencer par diagnostiquer et auditer tous les couloirs de «l'oppression» administrative et des contraintes procédurales. Puis libérer le monde du travail et de l'investissement de la tutelle des «puissances» et des «pompiers» de l'ombre, qui jouent justement les «éboueurs» des projets bloqués ou en attente d'autorisations de toutes sortes qui s'éternisent ! La multiplication des «polices» n'est pas plus saine, tant que ce problème du «surplus d'Etat» n'est pas traité et revu à la baisse, surtout au niveau économique. Tout le monde y gagne et l'exemple de pays comme la Suisse, la Belgique, le Danemark ou la Corée du Sud doit être suivi pour limiter les dépenses de l'Etat, générateur à l'amont de freins et de barrières, au développement et de «corruptions» à l'aval ! Finalement s'engager à corps et à cris dans «une chasse aux sorcières» déclassée de par le monde n'est pas la bonne solution. Faisons d'abord les bonnes lois, et réduisons notre bureaucratie encore trop pesante et volumineuse, et la corruption disparaîtra faute de «foyers» microbiens favorables et contagieux. Seule la liberté est génératrice de bien-être, tant qu'elle ne nuit pas à autrui et tant que les lois sont justes, non pas pour pénaliser et punir les citoyens dans leurs activités, mais pour réaliser le nivellement social qui permet la joie de vivre à tout notre peuple. Trop de contraintes tuent le goût d'entreprendre et créent, automatiquement, les filières du parallèle et de la corruption. C'est une règle universelle vérifiable. Tant qu'il y aura toutes ces queues dans les ports, les municipalités, les guichets et les administrations en général, il y aura de la... Corruption : La seule répression en développe les circuits ! Khaled GUEZMIR