Une épée de Damoclès. Comme une menace, sourde, qui pèserait sur le pays. Au point où en sont les choses, il est à craindre que cela reste la seule alternative –solvable-, susceptible de sauver les institutions publiques, dans une Tunisie qui chaloupe. Mais non plus d'une démarche dansante. Plutôt à la manière d'un «bateau ivre», qui a pris l'eau de toutes parts, et qui continue d'avancer pourtant, à l'aveuglette, sans avoir calculé sa trajectoire au préalable. Car, autrement, comment expliquer l'état de déliquescence dans lequel s'est embourbée la Tunisie, au point que sa centrale syndicale en vienne à brandir la carte de la grève générale, comme étant la seule échappatoire qui reste, dans une tentative désespérée de sauver les meubles, lorsque le gouvernement semble en peine à sortir le pays du marasme, parvenant surtout à l'enfoncer un peu plus, jour après jour? L'on peut certes, continuer à parier sur la bonne foi des uns et des autres, sans craindre de s'emmêler les pinceaux, car, de toute façon, tout le monde nage en pleine semoule dans cette histoire, et cela ne changera rien à la donne d'optimiser, avec, cependant, jusqu'ici, comme seul résultat tangible le désarroi, de plus en plus croissant, du citoyen-lambda qui n'arrive plus à s'y retrouver, ployant, de plus en plus, sous le poids d'un quotidien des plus pesants, et se demandant s'il n'est pas comme pour ne pas changer, le seul «dindon de la farce», dans une «association de malfaiteurs» qui ne dit pas son nom, mais l'on ne peut pas se voiler la face plus longtemps, sur la réalité d'un terrain, qui serait miné plus qu'à son compte, et qui engage des générations entières de Tunisiens, qui devront en payer la facture, au prix fort. De ce point de vue, il est tout à fait compréhensible que Noureddine Taboubi en appelle à la grève, comme au dernier instrument de dissuasion, face à la «banqueroute» générale, et généralisée, qui menace aujourd'hui, plus que jamais, l'intégrité d'une Tunisie, aujourd'hui exsangue. Et qu'il convient de sauver.