La salle Tahar Chériâa à la Cité de la Culture a abrité récemment une projection de presse du second long-métrage de Mohamed Ben Attia: «Weldi» (Mon cher enfant) sélectionné en compétition officielle aux JCC 2018 et qui sortira sur nos écrans juste après. Ce nouvel opus est un drame social qui suit en quelque sorte la même lignée de « Nhebbek Hédi », premier long-métrage de ce réalisateur mais dans un contexte tout à fait différent. Il ne s'agit pas de l'autorité de la mère, mais celle du père et dans un autre registre celui « light. » L'histoire se passe au sein d'une famille tunisienne moyenne. Mohamed Ben Attia surprend par le rythme lent et suffocant présent durant tout le film. Il tient le souffle et nous tient à son histoire qui s'apparente à la réalité. Les premières images sont un plan noir où seul le son annonce la vie avec une suggestion de bruits et particulièrement celui d'une porte qui grince. Le film s'ouvre presque dans la pénombre à l'intérieur d'une maison. Il y'a déjà un problème avec le malaise qui a pris l'enfant. Le désarroi est ainsi annoncé. On se résigne à croire que les maux de tête de l'enfant Sami, rôle joué savamment par Zakaria Ben Ayed, sont la conséquence du stress provoqué par la préparation de l'examen du bac que doit passer ce jeune homme. Le rythme du film est des plus classiques dans la mesure où tout se passe normalement jusqu'à l'arrivée de l'imprévu, de la tournure qui va bousculer et faire basculer la situation. L'enfant disparait sans crier gare et il s'avèrera qu'il était parti secrètement combattre en Syrie pour un voyage sans retour. Son instrumentalisation a été gardée secrète, car les Djihadistes travaillent dans l'ombre, sournois qu'ils sont. Un sujet épineux qui a défrayé et défraie encore la chronique sous nos cieux. Cela n'arrive pas seulement qu'aux autres, semble nous dire le film. Dans « Weldi », Mohamed Dhrif qui revient au cinéma après beaucoup d'années d'absence, joue un rôle qui lui colle parfaitement. Il s'agit de celui de Riadh, le père de Sami. Un homme qui s'apprête à prendre sa retraite. Quant à Nazli, la mère, ce rôle est interprété par Mouna Mejri. Et là aussi, c'est un casting réussi par le réalisateur. La bonne direction d'acteurs s'y ajoute. Et on allait omettre Sameh, la collègue de Riadh. Son rôle est joué par la chanteuse Imène Chérif, qui, non seulemnt nous fait découvrir ses talents d'actrice, mais joue un rôle à l'opposé de tous les autres. Elle est le contre-point, le côté joyeux et indifférent aux maux qui entourent la vie de cette famille et sa vie à elle. Elle laisse passer et plaisante. « Weldi » raconte une histoire triste, celle d'une aventure ambigüe. Un film qui se laisse voir et suscite la réflexion.