L'administration tunisienne est malade de sa bureaucratie, de son hypercentralisation, de la faiblesse de son rendement et de son déficit de communication. Une pathologie chronique qui taraude et handicape le climat des affaires. En effet, les observateurs sont unanimes à déplorer la lenteur des réformes administratives qui ne cesse de paralyser les investissements productifs et par de là réduire les chances de la relance économique. Tandisque la transition économique éternise indéfiniment, l'administration est souvent pointée du doigt, aussi bien par les institutions internationales à cause de son poids budgétaire et sa masse salariale écrasante : 14% du PIB et plus de 600 mille fonctionnaires, que par ses usagers, particulier ou entreprise, pour la lourdeur et la complexité de ses procédures. D'où l'impact direct, indirect ou croisé sur les équilibres macroéconomiques. Dans ce cadre, le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) et la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) ont lancé depuis 2016 une enquête annuelle pour mesurer la perception et la satisfaction des PME tunisiennes par rapport aux administrations publiques. A travers cette enquête les dirigeants de PME évaluent les administrations publiques en termes d'efficacité, de qualité d'accueil, de rapidité du service, de clarté des procédures et de digitalisation. 4,6% des PME déclarent que l'administration tunisienne représente un obstacle modéré « 77,2% des PME sondées considèrent que l'administration publique représente un obstacle sévère, majeur ou modéré au développement de leurs entreprises. 4,6% des PME estiment que l'administration tunisienne représente un obstacle modéré et 1,8% voient qu'elle représente un obstacle sévère », révèle l'enquête. La digitalisation en premier lieu Les résultats du sondage montrent aussi que les PME considèrent que les actions à entreprendre par les administrations publiques afin d'améliorer leur relation avec la PME sont la digitalisation en premier lieu, puis la qualité de la prise en charge, la transparence des procédures et ensuite la facilitation de l'accés à l'information. Entre autres, 18.8% des PME interviewées ont été invités à payer des pots-devins à l'administration publique en contrepartie des prestations offertes. Les municipalités à la queue du classement des administrations publiques En ce qui concerne le classement des administrations publiques, le top 3 des administrations publiques sont comme suit : Les recettes des finances (63,85/100), le Bureau d'emploi (63,81/100) et la Banque Centrale (63,79/100). Les Recettes des finances se distinguent légèrement par rapport aux autres administrations en termes de digitalisation. Les résultats font ressortir qu'aucune administration publique n'a atteint un score satisfaisant. La moyenne globale obtenue est 59.90/100 ce qui reste loin de la bonne performance (80 points/100). « Les administrations publiques classées au bout du classement sont le Tribunal de Première Instance (RC), les bureaux des Douanes et les municipalités », souligne l'enquête. Il est à souligner que cette enquête est une étude quantitative effectuée auprès d'un échantillon représentatif de 501 PME en Tunisie dont la réalisation s'est étalée du 22 octobre au 16 novembre 2018 dans les 24 gouvernorats.