Organisée à l'initiative de l'Ambassade du Japon et la Fondation « The Japan Foundation », en collaboration avec le Ministère des Affaires Culturelles, l'exposition « Winter Garden » (jardin d'Hiver), qui a lieu actuellement à la Cité de la Culture, (jusqu'au 12 décembre), propose une exploration de l'imagination « Micropop » dans l'art contemporain japonais. Mais avant d'atterrir dans nos murs, l'exposition a fait le tour de plusieurs galeries dans le monde, dont : l'Egypte, le Maroc, la Russie et l'Australie. L'objectif de « Winter Garden », est d'explorer les tendances significatives de l'art japonais contemporain ; des tendances qui sont partagées par la génération de jeunes artistes nés entre la fin des années 1960, et le début des années 1980. Ce sont des artistes qui optent pour le même style d'expression inventé par le curateur japonais, Midori Matsui et qu'il intitule « Micropop ». Cette démarche fait face aux effets négatifs de la mondialisation qui se manifestent entre autres, dans l'uniformité des modes de vie et la désintégration de l'économie. Comment s'adapter à ce monde qui submerge les Humains, par sa culture uniforme qui menace la diversité? Ces artistes cherchent à travers les œuvres exposées, une manière de survivre, en tirant le meilleur d'une situation désavantageuse par l'utilisation de matériaux modestes, banals et courants, ainsi que par l'adoption délibérée d'une spontanéité enfantine. Ils montrent ainsi, une vision, une réflexion et une nouvelle philosophie artistique, par rapport aux conditions décourageantes qui semblent marquer leur quotidien. Ils veulent instaurer ainsi et d'une manière artistique, l'espoir d'une survie spirituelle, et d'une réorganisation efficace du cadre de la vie. La collection exposée au Musée Contemporain de la Cité de la Culture, présente trente cinq œuvres de quatorze jeunes artistes japonais, entre dessins, peintures et vidéos. Nous en avons choisi trois artistes qui sont : Aya Takano, Mahomi Kunikata et Makiko Kudo. L'influence de la science-fiction Parmi l es peintres, Aya Takano qui dépeint l'état psychique ambigu, oscillant entre l'âge adulte et l'enfance, entre féminité et masculinité. Ses images représentent des garçons et des filles asexués, dotés de longs membres et de poitrines plates qui se ressemblent comme des gémeaux. Ils habitent un monde futur, avec des animaux et des plantes génétiquement transformées, dans lequel ils flottent dans un royaume illimité rappelant simultanément, le fond de l'Océan et l'espace extérieur. Les œuvres de Takano reflètent l'influence de la science-fiction, nouvelle vague expérimentale émergeant entre la fin des années 1960 et le début des années 1980, que l'artiste avait découverte avec enthousiasme pendant son adolescence. De cette littérature, Takano s'est inspirée des thèmes comme, l'expansion de l'humanité vers l'espace, l'incertitude de l'identité et de l'appartenance sexuelle humaine et la difficulté de l'homme de trouver sa place dans un univers indifférent. Adoptant un style de bandes dessinées des filles japonaises, elle ressuscite les projets pro-féministes des années 1970 dans lesquels, les thèmes d'androgynie spirituelle, de travestissement et de clonage, ont été traités avec créativité. La vision utopique de Takano ne cesse de dépeindre des jeunes femmes ayant réalisé leur liberté de vivre pleinement la flexibilité de leur existence. Cette vision est reflétée dans trois dessins inclus à l'exposition du « Jardin d'hiver », dans lesquels, une fille adolescente est visionnée respectivement comme un guerrier féminin, un esprit de l'eau et une Venus moderne cultivant son jardin de fleurs sous la mer. Allégorie morale contemporaine La peinture de Mahomi Kunikata récupère le côté sombre du psychisme adolescent, avec un style expressif influencé par des dessins animés underground érotiques. L'artiste aborde continuellement l'histoire d'un frère et d'une sœur adolescents comme des jumeaux spirituels. Ses peintures dépeignent immanquablement des scènes cruelles de meurtre, de démembrement et de transformation monstrueuse dans lesquelles la fille devient une victime, et le garçon un témoin et, de temps en temps, un persécuteur innocent. De telles images reflètent simultanément la terreur de bestialité que la fille adolescente cache en elle-même, ainsi que son désir de renaissance et de réunion avec son double spirituel par un acte sacrificiel douloureux, une mort violente ou par la déshumanisation. La peinture de Kunikata est une allégorie morale contemporaine des contradictions de l'esprit adolescent. L'inconscient de l'esprit adolescent Makiko Kudo peint quant à lui, des scènes oniriques qui reflètent l'inconscient de l'esprit adolescent. Dans ces scènes, la mémoire innocente de l'enfance est envahie par des images spectrales qui semblent avoir été appropriées du dessin animé ou des jeux électroniques. Les images sont plates et audacieusement déformées comme des illustrations dans un livre d'enfants, tandis que des couleurs brillantes sont étalées d'une façon non conventionnelle sur le plan d'images, sans tenir compte de leur sens propre pour guider l'œil conformément au dessin formel. L'usage impressionniste des couleurs de Kudo, indique une émotion secrète que même le peintre lui-même, ne peut expliquer. Une exposition à voir pour sa diversité et son originalité, car elle propose une fenêtre ouverte sur l'imagination « Micropop » si chère aux jeunes artistes Japonais.