Huit films sur la Tunisie et son histoire sont autant d'invitations à retrouver des regards différents, entre nostalgies et découvertes. Des documentaires attachants et récents ainsi qu'une table-ronde constituent l'ensemble de ce cycle projeté à la Cité de la Culture. La Cinémathèque tunisienne propose de découvrir jusqu'au 23 décembre un éventail de films consacrés à la Tunisie par des réalisateurs de différentes origines et nationalités. Le cycle a été lancé mardi dernier sous l'intitulé «La Tunisie vue par...» et le film d'ouverture intitulé «Démocratie année zéro» de Christophe Cotteret a initié la semaine de projections. Réalisé en 2013, ce film tuniso-belge de deux heures revient sur la révolution tunisienne et observe l'histoire contemporaine de la Tunisie. Le parcours de vie de Béatrice Slama Le cycle sera ensuite clôturé dimanche 23 décembre avec la projection de «Beatrice un siècle» de Hejer Charf. Produit en 2018, ce documentaire canadien suit le parcours de Béatrice Slama, une militante communiste tunisienne décédée à Paris en septembre dernier. Tuniso-canadienne, la réalisatrice du film revient sur les différentes étapes de la vie de Slama en Tunisie et en France où elle s'est installée en 1965. En 97 minutes, Charf dresse le portrait d'une militante et rend compte de ses combats pour la justice sociale et la cause féministe. Six autres films donnent toute sa substance à ce cycle proposé par la Cinémathèque tunisienne. «Ritorno a Tunisi» de l'Italien Marcello Bivona a été réalisé en 1998. Dans ce film, l'auteur raconte l'histoire de sa propre famille en Tunisie. Ce sont les souvenirs d'un enfant qui reviennent à la surface, un enfant de cinq ans dont la famille a quitté la Tunisie en 1959 pour s'installer à Milan. Notons par ailleurs que Bivona tourne actuellement un film sur le dialecte sicilien en Tunisie. «Bezness as usual» d'Alex Pistra est une co-production tuniso-néerlandaise de 2015. Dans ce film, Pistra remonte sa généalogie familiale et découvre que ses parents se sont rencontrés en Tunisie. C'est une réflexion sur les couples mixtes qui structure ce film avec un gros plan sur les conditions des enfants nés au sein de ces couples. L'oeuvre est aussi une incursion dans le monde du tourisme des années 1970 et à ce titre, Pitstra fait parler son propre père qui témoigne dans ce film émouvant, lucide et souvent drôle. Variations sur un thème fédérateur Les quatre autres films du cycle sont français et proposent divers regards sur la Tunisie. Bien sûr, «La Tunisie de Jacques Pérez» de Said Kasmi occupe une place particulière. Réalisé en 2017, ce film est un retour sur l'oeuvre d'un grand photographe tunisien dont la déambulation sert de fil d'Ariane au réalisateur pour redécouvrir le pays où il est né. «Pourvu qu'elle soit Douz» de Vincent Martorana est une plongée dans l'oasis saharienne tunisienne au lendemain de la révolution de 2011. Né à Gabès en 1958, le réalisateur est un Français d'origine italienne qui retrouve son pays natal avec émotion. «Stessa Luna» de Françoise Gallo, elle aussi née à Tunis, est une oeuvre de 2005. Le film établit des passerelles entre le naufrage de Tunisiens au sud de la Sicile en 2002 et le départ un siècle plus tôt d'une famille sicilienne quittant le port d'Empédocle pour venir s'établir en Tunisie. Enfin «Carthage Edouard Glissant» (2006) est un film de Denis Bonan qui est né à Tunis en 1942. Le réalisateur filme Glissant au milieu des ruines de Carthage dans un dialogue intimiste et poétique. Tous ces films seront accompagnés par une table-ronde (vendredi 21 décembre à 10h) ayant pour thème les regards croisés de tous ces cinéastes. Notons en conclusion que ce cycle se déroule avec le concours de l'Institut français de Tunisie.