- Le problème persiste et, depuis la révolution, aucun gouvernement n'est parvenu à mettre fin à ce fléau qui gangrène les finances publiques et puise dans les ressources, sans aucune considération, alors que le pays a besoin de limiter les dépenses superflues et extravagantes. Certes, dans ce domaine ce sont les cadres administratifs et ceux de l'Etat qui vont perdre des privilèges, surtout qu'ils ne payent pas l'essence, disposent d'une ou plusieurs voitures, à l'œil et c'est l'Etat, aussi, qui paie les réparations et les dégâts commis, sans aucune considération pour les biens publics. Le dernier rapport de la Cour des comptes est venu rappeler que la question des voitures de service est toujours d'actualité, surtout que ceux qui en disposent ou les utilisent font-fi des règles de conduite, de l'usage purement administratif et de la maîtrise de la consommation d'énergie, puisque c'est le contribuable qui paie les frais. Durant son mandat, alors qu'il était chef du gouvernement, Mehdi Jomaa a tenté de trouver une solution à ce problème, mais l'opposition était tellement forte, surtout que les hauts cadres de l'Etat ne veulent rien entendre, lorsqu'il s'agit de leur privilège, que les dispositions qu'il avait prises étaient restées lettre morte. Et les gouvernements qui ont suivi ont renvoyé la question aux calendes grecques. Le dernier rapport de la Cour des comptes vient remettre à jour ce problème, bien que sur un seul de ses volets et qui n'est pas des moindres, celui de la consommation de l'énergie, surtout le carburant, en plus des frais de réparation qui sont très élevés, parce que les chauffeurs n'en tiennent pas compte, parce que ce ne sont pas eux qui paient les frais. Le retard d'application de la proposition de l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (ANME) (présentée fin 2011) relative au diagnostic des moteurs des voitures administratives, à l'année 2017, n'a pas permis de rationnaliser la consommation d'énergie, a indiqué le 31ème rapport de la cour des comptes, publié le 22 décembre 2018. Le rapport a précisé qu'une opération de suivi de 5 voitures administratives à travers la technologie de GPS (Global Positionning System), un système de guidage par satellite, a montré une surconsommation d'essence qui peut augmenter jusqu'à 25%. Ainsi les quantités d'essence économisées atteindraient 3 millions de dinars si l'opération de suivi est généralisée pour toutes les voitures administratives (sans tenir compte des voitures relevant des entreprises publiques et des municipalités). En 2016, le parc des voitures administratives compte 37 710 voitures contre 26 309 automobiles en 2009, soit une hausse de 11 401 voitures durant 7 ans, avec une moyenne de 1628 voitures supplémentaires chaque année, selon le rapport de l'Instance générale pour le contrôle des dépenses publiques en 2016. Ce nombre est réparti entre 1687 voitures de fonction et 1810 voitures à usage mixte (voitures de service accordées pour servir des besoins personnels) et 34312 voitures de service. Les voitures âgées de plus de 10 ans sont classées au premier rang, avec un taux de 51%, suivies des voitures d'un âge oscillant entre 2 ans et 5 ans (32%), puis les voitures d'un âge variant entre 6 ans et 10 ans (17%). En 2016, les dépenses consacrées à la maintenance ont atteint 12 millions de dinars, à cause de la hausse du nombre des voitures administratives ainsi que celles âgées ayant plus de 10 ans, compte-tenu de l'obsolescence du parc des automobiles. La cour des comptes a recommandé la cession des voitures dont l'âge a dépassé plus de 10 ans pour limiter les dépenses qui alourdissent les charges de l'Etat et d'œuvrer à renouveler le parc relevant de ce dernier en utilisant une partie des sommes allouées à la maintenance des voitures. Le contrôle n'est pas la solution, surtout que l'Etat ne peut pas consentir de dépenser, encore, de l'argent pour recruter des inspecteurs et des contrôleurs. Certes, la solution réside dans la prise de conscience, mais cela tarde à venir, chez des personnes habituées à utiliser les voitures, aux frais des contribuables. L'important est de réduire le nombre des voitures de services, de contrôler la consommation de carburant, pour chaque utilisateur, selon les normes des constructeurs, ce qui est facile. Mais, a-t-on, vraiment, l'intention de remédier à ce fléau ?