Comme à l'accoutumée, le rapport annuel de la supervision bancaire de la BCT dresse l'évolution du secteur bancaire tunisien. Dans sa 7ème édition, le rapport fait montre d'une nette amélioration du Produit Net bancaire (PNB) des banques résidentes au cours de l'exercice 2017, de la relance des crédits aux professionnels, d'une légère détérioration des indicateurs de défaut accompagnée d'une faible mobilisation des dépôts. Un bilan mi-figue, mi-raisin un tantinet encrassé par le resserrement de la liquidité et la hausse des créances classées, soit en progression de 17,5% par rapport à 2016. 18 banques ont affiché des résultats bénéficiaires en 2017 contre 19 banques en 2016 pour un bénéfice cumulé de 1166 MD. Par ailleurs cinq banques ont accusé un résultat déficitaire de 107 MD. « Le produit net bancaire a connu une forte progression en 2017, soit 18,7% ou 648 MD contre 12,2% ou 377 MD, provenant de la forte augmentation de la marge nette, des revenus des bons du Trésor et des gains nets sur opérations de change», indique le rapport. A noter que les concours du secteur bancaire à l'Etat s'élèveraient en 2017 à 10 milliards de dinars. Légère détérioration des indicateurs de défaut En dépit d'une amélioration des ratios de rentabilité et de solvabilité, le resserrement de la liquidité bancaire sur fonds de ralentissement des dépôts a fort impacté le ratio de liquidité des banques de la place se traduisant par une accentuation du risque de transformation d'échéances. D'ailleurs, la BCT a mis l'accent sur la légère détérioration des indicateurs de défaut traduisant la poursuite des difficultés économiques. La faible mobilisation des dépôts a été matérialisée par une hausse prépondérante du volume de refinancement auprès de la BCT. Une situation qui ne s'est guère décantée en 2018 amenant l'institution d'émission à injecter un niveau record de liquidité et fait que les banques soient de plus en plus dépendantes de la BCT. « En effet, le taux de migration moyen des créances courantes vers les créances classées s'est aggravé de 2% à 2,3%, soit un volume de risque additionnel en augmentation de 410 MD ou 34% par rapport à son niveau de l'année 2016 pour s'élever à 1 609 MD. Toutefois, l'encours des créances classées s'est établi presque à son niveau de 2016 suite à la cession et radiation d'un volume de créances classées de 693 MD et ce, notamment dans le cadre du programme de restructuration des banques publiques », note le rapport. Nette progression des crédits aux professionnels L'exercice 2017 a été marqué par une accélération du taux progression de l'encours de crédit, soit 12,2% pour un portefeuille de 7 945 MD, lequel taux de progression à deux chiffres n'a pas été observé depuis l'année 2010. Cette accélération provient de la forte relance des crédits aux professionnels (16,1% contre 9,5% en 2016) contre une stagnation des crédits aux particuliers. Deux secteurs se sont taillés la part du lion des crédits bancaires accordés : il s'agit du secteur commercial et industriel qui a accaparé 70% de l'effort de financement tandisque les crédits accordés aux secteurs immobilier et touristique ont stagné à leur niveau de 2016. « Cette accélération traduit une forte augmentation des demandes de financement de la part des entreprises en lien particulièrement avec l'augmentation des prix des biens et services suite à la forte dépréciation du dinar. », explique la même source. Pour ce qui est des crédits aux particuliers, l'augmentation observée en 2017 de 2 068 MD provient à hauteur de 54% ou 1 121 MD des crédits habitats, de 34% ou 699 MD sous forme de crédits d'aménagements et 11% ou 223 MD sous forme de crédits de consommation. Les crédits finançant les véhicules n'ont pas enregistré une augmentation notable pour la deuxième année consécutive. Pour ce qui est de l'évolution des créances classées celles-ci demeurent le talon d'Achille du secteur bancaire tunisien, le rapport souligne la concentration des créances dans deux secteurs essentiels à savoir le secteur industriel et touristique. « 10 banques affichent une part des créances classées supérieures à 15% et détiennent 40,4 % du total actif du secteur. Symétriquement, 9 autres banques détenant 40,5% des actifs du secteur ont une part de créances classées inférieure à 10%. 49,9% et 29,6% respectivement des créances des secteurs touristique et agricole sont classées. Néanmoins, la part globale des engagements dans ces deux secteurs ne représente que 7,9% du total engagement des banques ». L'amélioration de la part des créances classées a concerné tous les secteurs à l'exception du secteur de la promotion immobilière. La banque centrale continuera en 2019 la mise en place de garde-fous à même d'améliorer les risques de crédits et les risques de marché. A partir du second semestre de 2019, la BCT engagera les travaux pour assurer le parachèvement du pilier 2 de Bâle 2 relatif au renforcement de la surveillance bancaire et accélérera ces réformes pour se conformer aux directives de Bâle 3 surtout en matière de coussin de fonds propres contra-cyclique, de conservation et au titre des banques systémiques ainsi que la mise en place du ratio de liquidité à moyen termes « NSFR : Net Stable Funding Ratio ».