La majorité des fonctionnaires ont refusé de se soumettre à la décision de mise en état de réquisition prise par le gouvernement Commission administrative nationale de l'UGTT demain pour des décisions « à la hauteur des attentes des travailleurs tunisiens » Les fonctionnaires et les salariés des établissements publics ont répondu massivement, hier, à l'appel de grève générale de la fonction publique et secteur public décrétée par l'Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) en signe de protestation contre l'échec des négociations avec le gouvernement sur des augmentations salariales. De Tunis à Sfax, en passant par Sousse, Nabeul, Jendouba, Kasserine, Gafsa et tous les autres gouvernorats, la grève a provoqué une quasi-paralysie dès les premières heures de la journée. Les moyens de transport publics étaient tous à l'arrêt, cédant la place aux taxis. Un service minimum a été assuré dans les services assurant des besoins vitaux aux citoyens comme les services des urgences dans les hôpitaux ou les unités d'intervention de la protection civile. La majorité des fonctionnaires et salariés des établissements publics réquisitionnés ne se sont pas conformés à cette décision prise par le gouvernement, vu que l'UGTT a rejeté La publication du décret gouvernemental relatif à la mise en état de réquisition au Journal officiel de la République tunisienne, quelques heures seulement avant le début de la grève générale. Selon des sources syndicales, le taux de suivi de la grève a atteint 100% dans le secteur du transport. Le taux de suivi général a dépassé, quant à lui, 95% à l'échelle nationale. Dans toutes les régions la grève s'est déroulée sans incidents. Les grévistes se sont rassemblés devant les locaux des unions régionales du travail, avant d'organiser des marches vers les sièges des gouvernorats. Un grand rassemblement s'est tenu devant le siège central de l'UGTT à la Place Mohamed Ali, où le secrétaire de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a prononcé un discours dans lequel il a notamment vertement critiqué le gouvernement et annoncé une escalade. «La commission administrative nationale de l'UGTT se tiendra ce samedi 19 janvier et prendra des décisions à la hauteur des attentes des travailleurs tunisiens qui ont milité pour leurs droits», a-t-il déclaré. Le dirigeant syndical a également fustigé le décret publié par le chef du gouvernement pour la réquisition des fonctionnaires publics. « Hier, ils ont ouvert l'imprimerie officielle à 23 heures pour publier leur décret. Pendant ce temps, le décret relatif au recrutement des enseignants vacataires traine encore», a-t-il déploré. «Si des gens dans l'ombre vous demandent de vous attaquer à l'UGTT, vous vous trompez d'ennemi, c'est vous et vos appuis qui allez perdre. L'UGTT restera debout. Ce n'est pas aujourd'hui que vous allez nous faire plier à travers les gens que vous payez par l'argent du contribuable à nous diaboliser sur Facebook et sur les réseaux sociaux», a-t-il lancé. Et d'ajouter: «Le seul moyen pour vous de nous faire plier, c'est de servir le pays avec loyauté et de contribuer à faire évoluer le niveau de vie des Tunisiens». Commentant la situation du pays, M. Taboubi a tancé les déclarations des membres du gouvernement qui évoquent de réalisations et de développement économique : «De quel développement nous parlent-ils? 1.800.000 tunisiens n'ont pas d'eau potable, 300.000 tunisiens ne sont pas raccordés à l'électricité, 150.000 familles habitent dans des maisons en tôles. De qui vous moquez-vous? » «Malheureusement, nous ne reconnaissons plus notre pays », a-t-il poursuivi. M. Taboubi a également accusé le chef du gouvernement d'être responsable de la crise qui prévaut dans le pays. «Le chef du gouvernement a dit qu'il était un homme d'Etat et qu'il ne voulait pas hypothéquer les chances des générations futures. C'est vous qui êtes la cause de l'endettement qui a dépassé les 70%», a-t-il martelé, indiquant que le gouvernement a fait empirer la crise économique et sociale par la hausse des prix, la détérioration du pouvoir d'achat et l'appauvrissement des Tunisiens. Le secrétaire général de l'UGTT a d'autre part démenti les allégations selon lesquelles la grève a été décidée par l'UGTT sous pression des partis de gauche, rappelant que la centrale syndicale défendra toujours le peuple tunisien et les catégories démunies. Il a également exhorté les travailleurs à participer massivement aux prochaines échéances électorales et à sanctionner dans les urnes les partis qui n'ont pas été à la hauteur de ses engagements et ont renforcé la crise et la détérioration du pouvoir d'achat des Tunisiens. Taboubi s'est par ailleurs attaqué à ceux qui «ont eu sur un plateau le pouvoir au prix du sang des militants et militantes après avoir passé des années tapis dans l'ombre», en allusion au mouvement islamiste Ennahdha. «Ils sont venus déverser les poubelles sur cette place. Ils sont venus nombreux pour démanteler l'UGTT mais ils n'ont pas réussi parce que nous avons la force de nos militants et militantes », a-t-il affirmé, faisant référence -sans le nommer- aux évènements du 4 décembre 2012.