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Latifa Sayadi, une femme forgeron… une femme sculpteur
Publié dans Le Temps le 20 - 01 - 2019

Latifa Sayadi, … en regard de sa formation, ses diplômes et sa carrière effective de forgeron, de ferronnière, si l'on veut, est une artiste unique, dont le destin extraordinaire nous interpelle… Nous en parlons.
Latifa Sayadi a bénéficié depuis 1994 d'une formation en Allemagne mais aussi en Angleterre dans des écoles supérieures professionnelles,des« hochschule » dans le domaine de l'art du « Guestaltung » … de l'élaboration et de la conception de la forme des objets… du design objet en somme. Cela suppose donc que Latifa Sayadi est une « métal Guestalterin » c'est-à-dire une conceptrice en métal (fer et acier), plus particulièrement en recourant essentiellement à l'action du feu sur le métal.
Latifa Sayadi est donc artiste du feu, elle est vestale de vulcain, dieu Romain ou d'Héphaïstos, dieu Grec. En terme plus classique, Latifa Sayadi est en possession d'une sorte de divinité qui transforme le métal par le feu pour obtenir des objets designs, des objets artistiques transgressant, en fait, ses habituelles fonctions et en rejetant hors les limites formelles et utilitaires, des produits fabriqués pour des buts fonctionnels en les orientant vers l'art et surtout vers l'art de la sculpture mais cette sculpture chez Latifa Sayadi est très particulière et spécifique.
Son travail semble, au début de production, conduire à créer quelque chose de déjà prévisible, d'un objet reconnaissable, identifiable et fonctionnel, brusquement, le processus est renversé et l'action aboutit à la création d'un objet qui n'a d'utilité apparente que celle esthétique.
Latifa est alors, beaucoup plus sculpteur que « Gestaterin » formelle, et elle atteint ce qu'Etienne Souriau appelle « l'art de réaliser des œuvres tridimensionnelles sculpturales ».
Cependant sa sculpture relève non pas du volume mais de la planéité quelque peu épaisse et où la tridimensionnalité est contenue par une linéarité quelque fois pliée mais sans céder aucunement à la générosité lyrique des volumes et des boursouflures matiéristes. On citera à titre d'exemple, son travail sur l'acier, s'élevant et aspirant vers la hauteur ou quelque fois vers un volume éventré, nié par des opérations de fossilisations ou de dérisions comme celle contenue dans son œuvre la « Schlaka » qui représente des chaussons en acier… drôle de chaussons.
Latifa Sayadi est arrivée aussi à diviser comme si elle sectionnait des saucisses alors que c'est de l'acier rond d'une œuvre presque monumentale d'un mètre trente de hauteur ou cette œuvre de « Secret Kiss fi zen9a » de deux mètres de haut… etc.
Mais qui est, en fait, Latifa Sayadi ?
Latifa Sayadi est tout simplement une sculpteuse d'un style particulier.
En outre, Latifa Sayadi, comme son nom l'indique est originaire de la ville de Sayada, située non loin de la ville de Monastir, elle est donc tunisienne.
Son père, écrivain, est mort jeune. Sa mère, hambourgeoise originaire du nord de l'Allemagne lui a garanti l'obtention de son bac « Abitur » qui lui a permis de poursuive des études très originales mais en fait, peu conseillées pour des jeunes filles et qui consistaient à suivre des formations de forgeron et de ferronnière d'art. Tout cela est très spécifique, Latifa Sayadi s'est accrochée à ses choix et elle s'est même évertuée à en assumer tous les inconvenants et les difficultés.
L'essentiel pour elle c'est de faire glisser son travail artisanal vers un travail créateur artistique et elle l'a fait d'une manière remarquable.
Cette démarche a été confirmée, approfondie déjà en Europe, en France, en Allemagne, en Angleterre, au Portugal, elle a même créé sa propre forge à Berlin et elle a choisi de vivre aujourd'hui au Portugal.
Elle a développé des pratiques de forgeron à Berlin en optant toujours pour l'intégration de son travail dans la culture, dans l'art, dans la muséographie,
Elle a exposé dans des villes européennes telles que Barcelone, Tchéquie, Memphis aux Etats-Unis… Elle a roulé sa bosse cosmopolite.
Elle a tenu, depuis la « révolution », à venir exposer intensément, personnellement ou en groupe, à El Téatro, au Printemps des arts d'El Abdellia, à Ken, à B'chira Art Center, à Djerba…, etc.
Mais Latifa Sayadi n'est pas revenue en Tunisie par simple nostalgie. Elle a tenu à octroyer à ses expositions des titres évocateurs, significatifs, peut être voulait-elle dire clairement aux Tunisiens qu'elle cherchait, en plus de montrer ses performances techniques, qu'elle est fière de son propre pays natal, qu'elle y tenait et qu'elle s'entêtait à apporter son soutien à la « révolution ».
Les titres donnés à ses expositions sont de l'ordre de « Père, mère, terre – expression multiple – ici est maintenant – Sexyart – Nano Art » sont autant signes d'engagement de Latifa Sayadi dans une expression qu'elle sait de nature universelle mais qu'elle voudrait singulariser et adapter à cette Tunisie qu'elle aime tant. Et où elle aspire planter ses totems, ses symboles et ses signes comme autant de revendications d'appartenance légitime à l'image et à la mémoire de son pays.
A ce titre, Latifa Sayadi est bienvenue dans son propre pays.
La recherche réalisée par Latifa Sayadi au niveau de cette sculpture particulière est dorénavant connue et reconnue en Tunisie.
Sa sculpteur quoique spécifique est acceptée, légitimée, comme un travail formellement riche, excentrique certes, mais totalement intégré comme valeur positive esthétique dans sa gestualité, dans sa précision, dans son purisme…
La sculpture de Latifa Sayadi n'est ni orientaliste ni figurative, elle aspire vers les hauteurs, à travers les lignes droites et courbes où tout est négation des éclaboussures involontaires du métal.
Ce qui est murmuré dans l'œuvre de Latifa Sayadi c'est le mouvement … c'est la dance abstraite, la dance pure du métal.
La dernière exposition de Latifa Sayadi a été élaborée dans le cadre d'une rencontre qui s'est tenue à Vittorio Veneto et qui a été organisée sous le thème d'EL FERRO EL FUOCO L'ANIMA. Cette manifestation a été montée sous forme de concours à l'occasion de l'Armistice du 9 novembre signant la fin de la première guerre mondiale en Italie.
En fait, le concours a eu pour titre « Prima Linea » ou prix international de l'art de la forge pour produire une sculpture publique dans la ville de Vittorio Veneto.
Le sujet était « Danser devant le buffet », thème familier pour les peintres qui ont représenté la dance classique dans la peinture comme Edgar Degas, Toulouse Lautrec… etc.
Il était question d'exprimer, à travers la représentation de la dance, la joie de vaincre la violence et de mettre fin aux des drames que l'Europe a vécus pendant la première guerre mondiale.
Latifa Sayadi s'est concentrée sur le mouvement réalisé par les ballerines, regard artistique emprunté à celui d'Edgar Degas qui a représenté des exploits picturaux d'un peintre qui ne voyait plus les couleurs sauf celles qu'il a gardées dans sa mémoire.
Latifa Sayadi, inspirée, alors, par le courage et l'impressionnante capacité du peintre géni, a forgé, non pas le mouvement réaliste des danseuses, mais a concentré son travail sur la restitution des mouvements, des couleurs et des états des danseuses du ballet allant vers une sorte d'abstraction. Elle a, de ce fait, réalisé une œuvre paradoxale en hommage à Degas et c'est tout à fait légitime qu'elle ait pu obtenir le premier prix de ce concours.
Espérant que son travail extraordinaire soit tout de même récompensé dans son propre pays. Mais sommes-nous sûrs que nos prophètes, tous nos prophètes puissent être reconnus dans leur propre pays ?


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