Jusqu'au 30 avril, Hamadi Ben Neya expose des sculptures en fer... Un fer vraiment aérien... Il ne s'agit pas de composer avec le fer lorsqu'on sculpte avec la forge et l'acier. Tout le défi réside dans la matière et dans son point faible. Hamadi Ben Neya semble avoir trouvé la faiblesse de cette matière rigide et froide et lui a donné la forme de l'amour, de la solitude, de la constance, de l'inconstance, de la condition humaine enfin. C'est ce qui ressort de son exposition «Iron Dance» qui se tient jusqu'au 30 avril à la galerie Alexandre Roubtzoff. Sculpteur autodidacte, artiste de la récupération, Hamadi Ben Neya a réalisé sa première exposition à El Abdellya en 2012 et depuis, il n'a pas cessé de suivre la piste de ceux qui sont dévorés par la passion de créer, de donner vie à la matière et de la faire parlante ou dansante. Ce n'est pas par hasard que la danse a donné son nom à cette exposition d'ailleurs (la danse du fer). Et effet même si la présence du fer n'est pas toujours aisée à supporter pour certains parce qu'il est souvent associé à l'entrave et à l'enfermement, l'idée de le faire danser nous a éloignés de cette terrible sensation... Bien au contraire, elle nous a permis de faire un pas vers cette matière. Dans son approche artistique, Hammadi Ben Neya ne fait pas dans l'économie du geste même si cela risque de faire perdre à l'œuvre sa justesse anatomique. C'est cette générosité du geste qui donne ce mouvement «dansant», surtout à ces sculptures filiformes. Des sculptures filiformes et festives «i'm singing in the rain» «Fly me to the moon». Filiformes, alliant l'anecdotique à la forme avec un mouvement qui va à l'essentiel et sans rentrer dans les fioritures de la ferraille. A d'autres sculptures, l'artiste a donné une forme humaine «enta omri», «Sway with me» ou «dancing queen», là non plus, on n'est pas dans le statique car ces formes sont inscrites dans l'élan et présentées avec une texture dentelée qui semble avoir été moulée sur le corps humain. La technique n'est pas des plus faciles et nécessite une grande maîtrise du détail. Dans ce discours sculpté sur la forme humaine qui se présente comme une dentelle forgée, on tombe tout de même dans l'illusion optique puisqu'on se met à voir des formes et des volumes là où le sculpteur n'a vu que lumière. Même si Hamadi Ben Neya joue beaucoup sur le ludique dans son œuvre, même s'il insuffle au fer, avec beaucoup d'élégance,un peu de ses blessures,son travail demeure une vive démonstration qui met en scène l'intense immatérialité de l'élément «fer».