Latifa Sayadi est l'une des artistes tunisiennes les plus tournées vers l'univers de la sculpture du fer. Travaillant et vivant en Europe, elle s'apprête à exposer ses oeuvres au Koweit après un séjour en Tunisie. Une démarche singulière et une artiste à découvrir! Dans le domaine de la sculpture du fer, Latifa Sayadi est l'une des rares Tunisiennes à se distinguer à l'échelle internationale. Née en Allemagne, d'un père tunisien et d'une mère allemande, Sayadi vit et travaille au Portugal, dans la petite ville de Gois où elle a installé son atelier. Souvent en partance, Latifa Sayadi se trouve actuellement en Tunisie où elle a ses racines et où elle vient à la rencontre de la vie artistique. Sculptures filiformes et structures aberrantes Travaillant un matériau réputé difficile, cette artiste excelle dans la fusion des formes et la quête de possibles. En effet, s'inspirant de divers objets comme par exemple une simple serrure, elle parvient à générer des alliages surprenants et obtenir des pièces libres de sens et parfois aberrantes. Toutefois, ses personnages et ses sculptures filiformes parviennent à atteindre la grâce et semblent aériens malgré la pesanteur initiale du fer. Multipliant les incursions dans plusieurs univers, l'artiste abandonne parfois son atelier pour le cinéma ou l'écriture. C'est ainsi qu'elle a réalisé un film sur la sculpture au féminin. Intitulée "Queens of Iron" (Les reines du fer), cette oeuvre est un véritable manifeste où Latifa Sayadi fait la part du feu, du fer et de la fusion des éléments. Peu après en 2013, c'estun livre réunisssant plusieurs expériences qui est né de la plume de Sayadi. Ce livre a pour titre "Striking Women : Mild as Steel" (Les Battantes : Douces comme le fer) et se présente comme un album illustré et richement documenté, paru aux prestigieuses éditions Blue Moon Press, aux Etats-Unis. Ces échappées de l'atelier sont des plus ponctuelles car, comme un Vulcain moderne, c'est toujours vers ses forges que l'artiste revient. A l'exposition du World Crafts Council au Koweit C'est dans cet univers propre qu'elle créee personnages et chimères, qu'elle agit en véritable démiurge et façonne des lambeaux de réalité en fusion. Entre quatre éléments, elle développe une démarche qui allie le monumental et le minuscule. Travaillant le fer, l'artiste prend à bras le corps son matériau qu'elle sublime au point qu'il en devient méconnaissable et aérien ou encore filiforme et comme vidé de sa substance. Les oeuvres de Latifa Sayadi ont franchi plusieurs seuils ces dernières années. C'est ainsi que cette artiste participera pour la première fois à une exposition au Koweit, dans le cadre du World Crafts Council, le Conseil mondial des artisans. Elle y exposera des oeuvres qui ont cette légéreté caractéristique de ses travaux récents. C'est du 15 au 2O janvier que cette exposition réunira un grand nombre d'artistes venus de partout. Tout de suite après, Latifa Sayadi retrouvera la solitude féconde de son atelier, l'antre secret d'une artiste qui donne sa démesure au fer et joue avec les éléments. Sillonnant l'Europe, exposant aussi en Tunisie où elle a montré ses travaux en 2012 à El Teatro, Latifa Sayadi est à l'image des enfants prodigues qui rentrent toujours au bercail. Toutefois, son bercail a la dimension du monde et celui du cosmopolitisme essentiel des arts dont elle taquine les muses en fusion.