Quelque 1500 parents ont déposé des plaintes contre la Fédération générale de l'enseignement secondaire Le ministre de l'Education accuse des partis politiques d'être derrière l'escalade La partie syndicale dénonce des tentatives de diabolisation des mouvements de protestation et se dit prête à négocier Plusieurs centaines de parents d'élèves des collèges et des lycées secondaires ont manifesté, hier, dans de différentes régions de la République pour réclamer la reprise des cours et la tenue des examens, qui ont été suspendus par la Fédération générale de l'enseignement secondaire en signe de protestation contre le refus du ministère de l'Education de satisfaire les revendications des enseignants. Des centaines de parents ont bravé la météo peu clémente pour organiser un sit-in devant le théâtre municipal de Tunis, à l'avenue Habib Bourguiba. Dénonçant la prise en otage des élèves dans le cadre du conflit qui oppose le ministère à la partie syndicale, ils ont lancé des critiques acerbes au secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, Lassâad Yakoubi. «Nos enfants sont une ligne rouge. Le droit d'étudier est un droit constitutionnel », a souligné le porte-parole du sit-in, Nabil Jbali, indiquant que les revendications matérielles des enseignants ne devraient pas faire planer le spectre de l'année scolaire blanche». Et d'ajouter : «Nous allons crier notre colère sur les places publiques sur tout le territoire tunisien, pour dénoncer ce conflit qui menace l'avenir des élèves». Certains parents se sont rendus devant le siège de l'UGTT, à la Place Mohamed Ali, où ils ont scandé des slogans hostiles aux dirigeants de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, dont «Oh Yakoubi tu es lâche, l'élève ne s'humilie pas» et «L'enseignement n'est pas une faveur, bande de criminels !». L'avocat Ahmed Ben Hassana, membre de la coordination «Parents en colère» a d'autre part révélé hier que quelque 1500 parents ont déposé des plaintes contre la Fédération générale de l'enseignement secondaire. «La grève décrétée par la fédération est illégale d'autant plus qu'elle n'a pas été avalisée par la direction de la centrale syndicale», a-t-il expliqué Les élèves ont également organisé des marches de protestation dans plusieurs établissements scolaires, en signe de contestation du boycott des examens du 2ème trimestre. Le bras-de-fer qui oppose la fédération générale de l'enseignement secondaire et le ministère de l'Education ne cesse de s'enliser. Le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, a déclaré que les parties politiques sont derrières la crise de l'enseignement, indiquant qu'il est prêt à démissionner s'il était le seul responsable de cette crise. Dans ce cadre, il a accusé ouvertement le Front Populaire de contrôler la Fédération générale de l'enseignement secondaire et de chercher à aggraver la situation. M. Ben Salem a aussi estimé que le retour aux négociations pourra apaiser les tensions, à condition que les élèves reprennent les cours et passent leurs examens. Le secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, Lassâad Yakoubi a déploré, quant à lui, l'absence d'une volonté politique sérieuse pour trouver une issue à la crise de l'enseignement secondaire. Il a par ailleurs dénoncé les tentatives visant à diaboliser les mouvements de protestation des enseignants qui demeurent attachés à leurs revendications légitimes. A noter que la fédération générale de l'enseignement secondaire réclame la possibilité du départ volontaire à la retraite à l'âge de 57 ans pour les enseignants ayant accompli 32 ans de services au moins, l'enseignement ayant été classé parmi les métiers à forte pénibilité. Elle revendique aussi la revalorisation de certaines indemnités, dont celle de rentrée scolaire et la prime dite «de la craie», supposée couvrir les dépenses en consommables que les professeurs prennent en charge, en vue de restaurer le pouvoir d'achat des enseignants. L'intégration des enseignants suppléants et l'amélioration de la situation des établissements éducatifs figurent aussi parmi les principales revendications. Ces diverses revendications ont été avalisées par l'exécutif depuis 2011, mais n'ont jamais été mises en œuvre, d'où la colère des syndicalistes qui avaient procédé à la rétention des notes et observé une grève générale ouverte durant l'année scolaire écoulée avant de suspendre ces actions de protestation pour éviter l'année blanche. Le gouvernement, qui s'est fixé pour objectif de réduire les dépenses publiques, jugé ces revendications excessives vu que leur impact financier est estimé à plusieurs centaines de millions de dinars par an.