L'espoir suscité par la reprise, hier, des négociations entre la fédération générale de l'enseignement secondaire et le ministère de l'Education s'est rapidement évaporé. La rencontre tenue entre une délégation syndicale et des représentants du ministère s'est, de nouveau, soldé par un échec. Cette réunion n'a en effet duré que trente-cinq minutes. D'autant plus que la délégation syndicale a estimé que les propositions avancées par le ministère étaient en deçà des attentes. «Nous nous sommes réunis avec une délégation ministérielle qui s'st attaché à nous faire revenir à la case départ », a déclaré le secrétaire général de la fédération, Lassâad Yakoubi. «Nous refusons ce genre de manœuvres qui causent une grande perte de temps », a-t-il ajouté, indiquant que le ministère n'a montré aucune prédisposition à débattre de deux principales revendications de la partie syndicale, en l'occurrence le doublement de l'indemnité spécifique et le départ à la retraite à 57 ans. Le responsable syndical a, d'autre part, appelé les enseignants à rejoindre massivement le sit-in qui se poursuit depuis environ deux semaines à l'entrée du ministère de l'Education, et indiqué que la fédération maintient son mot d'ordre de boycott des examens du deuxième trimestre. Du côté du ministère, on assure que la partie syndicale a refusé de négocier bien que le ministère ait satisfait six revendications des enseignants ayant un coût de 64 millions de dinars. «La fédération a cependant estimé que ces points étaient marginaux et s'est attachée à l'application immédiate du doublement de l'indemnité spécifique et du départ à la retraite à 57 ans, deux mesures dont l'impact financier est très élevé en ces temps où les finances publiques sont sous pression », a souligné une source bien informé au sein du ministère. Un bras de fer oppose depuis près de trois mois la fédération de l'enseignement secondaire et le ministère de l'Education, après l'échec des négociations concernant la révision à la hausse de certaines indemnités perçus par les enseignants et l'amélioration situation générale du secteur éducatif (encombrement, mauvais état des infrastructures, manque d'équipements et absence de recrutements etc). Après le boycott des examens du premier trimestre, la fédération rattachée à l'UGTT a décidé de boycotter les examens du 2ème trimestre dans tous les établissements scolaires. Elle a également organisé plusieurs rassemblements dans les régions et une journée de colère nationale au cours des dernières semaines. Entre temps, le spectre de l'année blanche a commencé à planer, et les parents d'élèves des collèges et des lycées secondaires ont manifesté, jeudi, dans de différentes régions de la République pour réclamer la reprise des cours et la tenue des examens. Des dizaines de parents ont ainsi organisé un sit-in devant le théâtre municipal de Tunis, à l'avenue Habib Bourguiba. Dénonçant la prise en otage des élèves dans le cadre du conflit qui oppose le ministère à la partie syndicale, ils ont scandé des slogans hostiles aux dirigeants de la fédération générale de l'enseignement secondaire. A noter que la fédération générale de l'enseignement secondaire réclame la possibilité du départ volontaire à la retraite à l'âge de 57 ans pour les enseignants ayant accompli 32 ans de services au moins, l'enseignement ayant été classé parmi les métiers à forte pénibilité. Elle revendique aussi la revalorisation de certaines indemnités, dont celle de rentrée scolaire et la prime dite «de la craie», supposée couvrir les dépenses en consommables que les professeurs prennent en charge, en vue de restaurer le pouvoir d'achat des enseignants. L'intégration des enseignants suppléants et l'amélioration de la situation des établissements éducatifs figurent aussi parmi les principales revendications. Ces diverses revendications ont été avalisées par l'exécutif depuis 2011, mais n'ont jamais été mises en œuvre, d'où la colère des syndicalistes qui avaient procédé à la rétention des notes et observé une grève générale ouverte durant l'année scolaire écoulée avant de suspendre ces actions de protestation pour éviter l'année blanche. Le gouvernement, qui s'est fixé pour objectif de réduire les dépenses publiques, jugé ces revendications excessives vu que leur impact financier est estimé à plusieurs centaines de millions de dinars par an.