Née aux Emirats arabes unis, Néjia Sghir, jeune écrivaine en herbe, ayant fait ses études en philosophie à la Sorbonne, vient de faire naitre son premier livre, Le Silence nait sur les paupières, un roman édité par la maison Arabesques et qui a inspiré les lecteurs, notamment les jeunes d'entre eux, et les a tenus en haleine. D'un style à la fois sobre et éloquent, l'écrivaine relate les déboires d'une jeune fille ayant souffert d'une rupture douloureuse dévastatrice. Des rencontres et des tentatives amoureuses ont successivement eu lieu, certaines ont réussi d'autres ont échoué mais, toutes ont tracé sur la chair du personnage des stigmates et des cicatrices ineffaçables. Tiraillée entre le respect obligatoire des mœurs et des règles imposées par son milieu et son entourage, cette dernière éprouve un malin plaisir à se rebeller, tout en brisant ces frontières, ces lois, pour elle illégitimes et insignifiantes. Hantée par le désir sensuel, les plaisirs féminins sexuels, le personnage toponyme lutte incessamment contre un destin abhorré, tant réfuté et négligé. L'écrivaine, d'une veine ardente et effervescente jongle avec les mots pour remédier à ses maux, elle réclame l'amour, exige les rapports sexuels et y trouve plaisir et extase. Ce sujet fervent et fougueux, abordé de manière fine a su tenir en haleine un spectateur mature, issu, notamment, de jeunes intellectuels qui ont exprimé leur appréciation et estimation vis-à-vis d'un talent audacieux en dépit de sa fraicheur. L'une des lectrices a été touchée par la rage sensuelle qui s'y dégage et en déclare vivement : « La manière d'appréhender des sujets que nous considérons « tabous » a suscité mon admiration voire mon amour face à une plume révoltée ». En effet, loin de traiter des sujets sociaux nauséabonds, l'écrivaine trouve refuge dans une obsession qui la ronge probablement, à savoir celle de l'amour fuyant, insaisissable qui fait d'elle un être fragile vivant dans la tourmente. Absence du père, dureté de la mère, déception amoureuse, tentatives vaines, ont été la cible de l'écrivaine, cible d'ailleurs partagée entre tous les jeunes lecteurs de son âge, assoiffés d'art, d'amour-passion et de rébellion. Ce roman n'est qu'un exemple parmi d'autres, récemment parus, qui permet aux confinés de mieux concevoir cette période difficilement menée, la rendre moins pesante dans la mesure où la lecture encombre la mémoire, fait voyager et épargne toute mélancolie et « spleen », car, « une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même ».