Le président du gouvernement, Elyès Fakhfakh, n'y est pas allé de mainmorte, lors de son interview, jeudi soir, en tirant à boulets rouges sur ceux qui cherchent à faire obstacle au combat qu'il mène pour gagner la guerre contre le Covid-19. Il s'est, entretemps, montré confiant dans sa lutte et en son équipe gouvernementale, mais, aussi, rassurant pour les citoyens, et presque menaçant, face aux agissements des lobbies et aux empêcheurs de tourner en rang, agissant sous couvert de leur immunité parlementaire. Fakhfakh qui a été convainquant, n'a pas pris de gants de mettre le président de la République et celui de l'Assemblée des représentants du peuple à leur place, au niveau des prérogatives. Il a, dans ce sens, souligné que « le président de la République prend les décisions, selon les prérogatives que lui accorde la Constitution, mais c'est au pouvoir exécutif de mener la guerre, parce qu'il dispose des instruments de l'Etat », ajoutant que la constitution a accordé des prérogatives au président du gouvernement. Eviter les conflits politiques Le président du gouvernement a, en outre, jeté des flèches au président du parlement Rached Ghannouchi. Il a souligné qu'en d'autres temps, c'est le président de l'ARP qui aurait dû appeler à activer l'article 70 de la Constitution. Il a ajouté que c'est le destin qui a voulu que j'occupe ce poste et que je suis face à un grand défi. C'est, aussi, légitime que le président de l'ARP veuille garder son rôle de contrôle sur le travail du gouvernement, et je l'appelle à le garder, alors que la situation n'est pas bien reluisante », a souligné Fakhfakh, tout en appelant à éviter les conflits et à unifier les rangs, dans ces conditions difficiles. Par ailleurs et dans un appel aux citoyens, le chef du gouvernement a affirmé que le respect du confinement total qui a été prolongé de deux semaines, à partir du 5 avril 2020, permettra à la Tunisie de sortir de la crise du coronavirus, avec les moindres frais. Apportant une lueur d'espoir, lors de l'interview accordée, jeudi soir, à la chaîne nationale Watania I et à la télévision privée Al Hiwar Ettounsi, Fakhfakh a souligné que la Tunisie "dispose des moyens nécessaires pour faire face à tous les scénarios catastrophes possibles", à travers notamment des plans proactifs. Il a, aussi, souligné que la Tunisie possède une quantité suffisante de médicaments pour soigner environ 20 000 personnes contaminées par le virus, en plus des lits de réanimation, des centres d'isolement sanitaire, des équipements de protection et des tests de dépistage qui seront livrés au pays la semaine prochaine et qui permettront d'effectuer près de 400 000 analyses. Le chef du gouvernement a, notamment, indiqué que des fonds d'un montant de 120 millions de dinars ont été mobilisés au profit de 900 000 personnes. Ils seront distribués sous forme de mandats. Une certaine catégorie de petits métiers et d'entreprises privées affectées par l'arrêt de leurs activités pourront aussi bénéficier d'une aide financière de 200 dinars, à partir du 4 avril. Fakhfakh a, également, annoncé une aide exceptionnelle d'un montant de 100 dinars en faveur des retraités dont la pension est inférieure à 180 dinars. L'enveloppe totale allouée par le gouvernement pour faire face au chômage technique, au profit des travailleurs et des entreprises publiques s'élèvera à 300 millions de dinars, avec une rallonge de 100 millions de dinars. Le chef du gouvernement a, par ailleurs, indiqué que la Tunisie obtiendra de ses partenaires et des bailleurs de fonds des crédits à hauteur de 2000 millions de dinars, sans compter les dons des particuliers et des sociétés. Pas de confiscations d'avoirs Il a démenti les allégations à propos d'éventuelles confiscations d'avoirs. "Nous sommes en état de guerre et nous mobiliserons les ressources financières nécessaires à cette guerre. Notre vœu est de ne pas avoir à appliquer des taxes exceptionnelles", a-t-il dit, rappelant que le secteur privé emploie une grande partie de la main-d'œuvre et représente un partenaire qui contribue, à hauteur de deux tiers, aux recettes directes et indirectes de l'Etat. Par contre, le chef du gouvernement a assuré que l'Etat appliquera la loi à tous et ne transigera pas avec les spéculateurs. Il a été, ainsi, procédé à la fermeture de 750 commerces, à l'emprisonnement de deux personnes et à l'engagement de poursuites judiciaires à l'encontre d'une vingtaine d'autres, a précisé Fakhfakh, indiquant que les sanctions à l'encontre des spéculateurs seront aggravées en vertu des décrets lois qui seront mis en places. S'agissant de l'approvisionnement, le chef du gouvernement a fait état de l'amélioration des livraisons de produits de grande consommation sur les marchés. D'importantes quantités de semoule ont été injectées, avec constitution de stocks stratégiques de vivres et retour des prix à leurs niveaux antérieurs, a-t-il souligné. A propos des Tunisiens bloqués à l'étranger, Fakhfakh a signalé que plus de deux mille personnes sont en instance de rapatriement et qu'elles seront placées dans des centres dédiés. Il en sera de même pour les Tunisiens résidents en Europe qui sont en difficultés.