Après l'effort déployé par la Banque Centrale de Tunisie pour juguler l'inflation, l'INS (Institut National de la Statistique) souligne dans son dernier bulletin mensuel publié le 5 avril courant une reprise des tensions inflationnistes en enregistrant une hausse généralisée des prix de 6,2% sur fond de l'accélération du rythme des hausses des prix de l'alimentation de 5,1%. En raison du confinement général décrété depuis le 20 mars dernier, l'INS informe que seuls 69% des prix collectés sur terrain ont pu être effectivement relevés auprès de 71% des points de vente initialement programmés. Les prix manquants ont été imputés en respectant les lignes directrices issues du manuel de l'indice des prix à la consommation. La propagation de la pandémie et l'invisibilité de la vision à court, moyen et long termes laissent présager un embrasement de l'inflation dans les mois qui viennent. La chute de la demande extérieure, la baisse de l'offre et la demande prévue sur le marché national et la déstabilisation dans l'approvisionnement du marché sont autant de facteurs qui plaident pour une frénésie des prix à la consommation familiale. Les observateurs craignent d'ailleurs le pire, soit une hausse de l'inflation juxtaposée à une croissance négative, soit une situation de stagflation dont les contrecoups seront ravageurs sur le double plan économique et social. La Banque centrale devra suivre de plus près l'évolution des prix en ciblant l'inflation. L'objectif étant de préserver un tant soit peu le pouvoir d'achat des citoyens, touché de plein fouet par cette crise sanitaire. « En mars 2020, les prix de l'alimentation augmentent de 5,1%. Cette hausse est expliquée par l'augmentation des prix des fruits de 13,8%, des poissons de 9,3%, des légumes de 5,7% et des viandes de 5,1% », précise l'INS. L'inflation sous-jacente s'élève à 7% Par ailleurs, l'institut souligne que le taux d'inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie) s'est établi à 7,0% contre 6,9% en février et 6,8% en janvier 2020. La même source indique que le confinement total pose des défis inédits aux services statistiques, soumis à des contraintes qui entravent sensiblement leur activité. L'engagement de l'INS est avant tout de préserver la santé de ses employés et de tous les Tunisiens. Par conséquent, les travaux de terrain ont été totalement suspendus pour toutes les opérations impliquant un contact direct avec les ménages ou les entreprises. Seuls les relevés de prix sont maintenus tout en étant réduits. « Nous solliciterons également les sources habituelles et alternatives pour être en mesure de fournir une estimation fiable de l'activité économique dans le cadre des comptes trimestriels. Toutefois, certains indicateurs pourraient malheureusement souffrir de retards ou d'interruption ponctuelle en raison de l'impossibilité d'administrer les enquêtes sous-jacentes », relève l'INS. Les conséquences du confinement total et de la pandémie redessineront le visage de la pauvreté en Tunisie. La paralysie de l'appareil productif et l'arrêt quasi-totale de l'activité économique auront un impact implacable sur le pouvoir d'achat des consommateurs et sur la paix sociale. D'ailleurs, la récente enquête élaborée par l'IACE, portant sur l'impact du COVID 19 sur l'économie nationale, prévoit une baisse de l'offre, un ralentissement de la demande à moyen terme et par conséquent une hausse des prix. Lesquels devront augmenter de 18% en moyenne. Comment l'institut d'émission pourrait-t-elle réagir pour endiguer les pressions inflationnistes notamment après la baisse décrétée de son taux d'intérêt directeur et la batterie de mesures annoncées en faveur des entreprises mais aussi des particuliers ?