Il y a des surprises qui surgissent lors qu'on assiste à un grand événement culturel tel que le MASA. Ainsi pour la 11e édition (07-14 mars), nous avons découvert un groupe togolais qui sort de l'ordinaire : Arka'n. Il est à la fois déroutant et intéressant. Mercredi 11 mars, à la place Inch'Allah de Koumassi, un quartier populaire d'Abidjan, la capitale économique ivoirienne. En attendant qu'Adel Bondka et ses musiciens montent sur scène, nous nous intéressons à ce qui s'y passe, d'autant plus que les morceaux joués par le groupe déjà en place sur le podium sont, à la fois, déroutants et intéressants. Déroutants parce qu'ils fusionnent le hard rock/metal à des sonorités bien africaines. Intéressants, car il n'y a aucune cacophonie entre eux. Même mieux, ils sont en harmonie, presqu'en symbiose. Nous sommes peu habitués, en Tunisie, au hard rock ou au metal dans la sphère créative des musiciens. Les seules expériences «métaleuses» nous les avons entendues lors des Journées Musicales de Carthage 2017, à travers Myrath, un groupe tuniso-français, et Nawathar, groupe tunisien qui était en compétition pour le Tanit d'or. Ces deux groupes mêlent le metal à l'oriental, sans pourtant axer sur un mélange avec la musique tunisienne. Avec Arka'n, le metal a pris une tout autre saveur à nos oreilles -qui, soit dit en passant, ont beaucoup de mal à accepter le hard rock et ses dérivés musicaux. Une autre saveur et pour cause ! Arka'n, le groupe togolais qui était sur scène, a, judicieusement, su fusionner le hard rock/metal avec la musique africaine mystique, et à d'autres styles bien africains. Démentant, par là même, que le hard rock, le metal, et les rythmes parentés sont des musiques du diable. Fusions Le côté mystique de sa musique, le groupe va le chercher dans sa philosophie. Cela transparaît dans les thèmes abordés dans ses chansons. Il y a, donc, également, une fusion entre les musiques «fusionnées» et les paroles des morceaux, qui font, la plupart, références aux racines et aux ancêtres. Comme si, pour vaincre le mal (entendre les dictateurs), il fallait se souvenir des gestes des anciens et comme si les membres qui composent le groupe étaient, eux aussi, une fusion de deux époques ; une fusion qui a permis de créer un type d'un nouveau genre, qui n'oublie pas ses racines, puisant en elles sa force, mais qui ne s'y englue pas afin de tracer sa propre voie. Arka'n est une sorte de rencontre du troisième type... Nous tenons à remercier Beatrice Manigat, la manager du groupe, pour les explications des thèmes proposés dans les six différents morceaux que le groupe togolais à présenter au public. «Mamade» («La Femme qui parle») est un chant traditionnel Ewe (les Ewes étant une population d'Afrique de l'ouest, vivant principalement dans une partie du Ghana et du Togo), mettant en valeur la tradition orale transmise de génération en génération. «Warrior Song» est une invocation de tous les éléments de la nature qui vont aider le guerrier dans son combat (eau, air, terre, feu, faune, flore) ; un retour aux valeurs ancestrales comme l'animisme. «Awala» est la résurrection éternelle des guerriers anciens à travers les générations. «Final Tournament» symbolise l'heure de vérité qui sonne lorsqu'un tyran est sommé de rendre des comptes dans un combat final avec des révolutionnaires. «Asrafo» est l'invocation de toute une armée de guerriers anciens et terrifiants dans un seul corps physique. «Tears of The Dead» a trait aux larmes des morts qui crient vengeance. La nature se déchaîne à l'écoute des cris de douleur des innocents écrasés par des tyrans modernes. Il est à noter que tous les morceaux ont été écrits et composés par Rock Ahavi, le leader du groupe Arka'n, avec une collaboration d'Elom Ahavi (textes rap) et Mass Aholou (percussions).