L'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) vient de publier une étude intitulée : la Tunisie face au COVID-19 à l'horizon 2025. Comme il y aura un avant et un après Covid-19, l'économie tunisienne déjà aux abois, doit se préparer au scénario catastrophique que l'ITES appelle « Black Swan » ou Cygne Noir. Une crise économique sonne à l'horizon et qui risque de faire avorter une transition démocratique défoncée. L'ITES propose dans son étude une stratégie nationale composée de trois phases. L'objectif ultime étant de se prémunir contre l'effondrement total du tissu économique tout en évitant une explosion sociale ravageuse. La Tunisie à l'instar de tous les pays du monde, doit repenser l'après Covid-19 à l'horizon 2025. Une redistribution des cartes, un changement radical du modèle économique mondial, et un bouleversement de l'échiquier mondial sont attendus post Covid. L'ITES propose une démarche à deux vitesses. Une démarché à Court terme en instaurant une véritable guerre économique visant : à préserver les secteurs vitaux du pays, à contenir l'impact socio-économique, sécuritaire et géopolitique de la pandémie et à amplifier la capacité de résilience et d'absorption du choc. A moyen et long termes, il s'agit d'anticiper l'après COVID-19 en mettant en place une stratégie proactive permettant d'assurer la relance économique et le repositionnement de la Tunisie au sein d'un environnement régional et international profondément bouleversé. La Tunisie face à une crise systémique d'une ampleur inédite Pour l'auteur de l'étude la Tunisie a opté dans sa lutte contre la pandémie pour une stratégie de suppression, mixée à des mesures relevant de l'atténuation. « Dans ce contexte, la Tunisie est confrontée à une crise systémique (sanitaire, économique, sociale, sécuritaire, etc.) d'une ampleur inédite susceptible de porter atteinte aux fondamentaux du pays, voire à sa survie, et de remettre en cause le processus de transition démocratique. Plus que jamais, l'Etat se doit d'être stratège et anticipateur via l'élaboration d'une stratégie nationale globale, cohérente et efficace conciliant l'urgence du court terme et les impératifs du moyen terme ». A court terme il faut à tout prix préserver les secteurs vitaux appelés le cœur du système ou réacteur Tunisie. L'objectif étant d'assurer la survie du pays. Pour mener cette guerre économique, l'ITES appelle à une concentration des forces et à une rationalisation des moyens. L'ITES reprend une citation du général Vincent Desportes : « Etre en guerre signifie faire converger des volontés vers un objectif et subordonner, sans faiblesse, l'accessoire à l'essentiel ». 10 secteurs vitaux à préserver L'ITES épingle dix secteurs vitaux dont essentiellement le secteur hospitalier ou sanitaire, la sécurité, les services publics vitaux, la filière agricole, l'approvisionnement de la population, le transport et la logistique mais aussi l'Innovation en préparation à la phase 2 de la stratégie nationale à LT (long terme). Du fait de la crise sanitaire, toute atteinte ou défaillance entrainant des dysfonctionnements dans le fonctionnement de ces secteurs vitaux risquerait de gravement déstabiliser l'Etat tunisien et constituerait une atteinte à la sécurité nationale. Pour chacun des secteurs vitaux identifiés, l'ITES recommande la mise en place, par le gouvernement (les ministères concernés et tout autre acteur), de plans de continuité d'activité (PCA) efficaces, adaptés en permanence à l'évolution de la situation. Risques d'une explosion sociale La deuxième phase dépistée par l'ITES consiste à anticiper la fin de la crise sanitaire, entre autres repenser déjà l'après Covid 19. « Il conviendra d'évaluer l'impact économique, social, culturel, géopolitique, sécuritaire, etc. sur l'ensemble du pays à l'horizon fin 2020, d'en tirer les leçons et d'élaborer une stratégie de sortie de crise cohérente et efficace. », souligne l'étude. « Il s'agit de redéfinir la place de la Tunisie dans un monde et un voisinage profondément bouleversés, reconfigurés, et veiller à en tirer le meilleur parti, via un recalibrage de notre diplomatie, sur les plans sécuritaires et économiques (attirer les IDE, mobilisation des bailleurs de fonds, saisir les opportunités et se prémunir des risques et menaces, etc.) », recommande-t-on. Par ailleurs, le bouleversement de l'ordre mondial va pousser le pays à reconfigurer ses visions à long terme. Tout va changer : le mode de gouvernance, les priorités, le modèle économique…Bref, le compteur sera mis à zéro. Etat, système sanitaire, secteur éducatif, la digitalisation, la diplomatie, le contrat social. Tout est à revoir.