L'Institut Arabe des Chefs d'entreprises (IACE) vient de publier une enquête auprès de 500 entreprises afin de mesurer l'impact de la pandémie COVID-19 sur les différentes activités des entreprises d'une part, et d'évaluer la perception des chefs d'entreprises vis-à-vis des mesures d'accompagnement prises par le gouvernement, et le plan de déconfinement proposé par l'institut. 95,75% des chefs d'entreprises déclarent que la pandémie a un impact négatif, moyen, significatif ou élevé sur leur chiffre d'affaires et surtout dans le secteur de l'industrie. L'IACE a choisi, pour l'élaboration de son enquête, l'évaluation de cinq mesures gouvernementales auprès des chefs d'entreprises. En ce qui concerne la mise en place d'une ligne de garantie d'une valeur de 500 MDT afin de permettre aux entreprises de contracter de nouveaux crédits de gestion, plus de la moitié des répondants n'ont plutôt pas confiance voire pas du tout confiance en la capacité du gouvernement à implémenter les mesures. Pour la question du report du paiement des mensualités des crédits bancaires et des établissements financiers durant 6 mois, plus de 40% des répondants ont déclaré qu'ils sont sceptiques à l'idée de voir cette mesure se concrétiser. Pour ce qui est de la mise en place d'un fonds d'investissement d'une valeur de 700 millions de dinars pour restructurer les entreprises sinistrées, l'enquête a révélé que 49,29% se sont dits " plutôt satisfaits " concernant cette mesure. Toutefois, 35,41% d'entre eux n'ont " plutôt pas confiance " quant à la disposition du gouvernement à concrétiser cette mesure. Dégradation du capital-confiance vis-à-vis du gouvernement Seulement 43% des chefs d'entreprises ont déclaré avoir confiance en la capacité du gouvernement à implémenter les mesures de soutien et d'accompagnement afin de réduire l'impact du coronavirus. Menée du 1erau 13 avril courant, auprès d'un échantillon de 500 entreprises afin d'évaluer leur perception vis-à-vis des mesures annoncées par le gouvernement, cette enquête a dévoilé que le capital confiance des chefs d'entreprises à l'égard de ces mesures s'est dégradé, progressivement, au fil des semaines. Ainsi, ce chiffre était de 73% lors de l'annonce des mesures par le chef du gouvernement avant de basculer à 55% une semaine après cette annonce. Toujours selon la même source : " la perte de crédibilité du gouvernement peut s'expliquer par la non concrétisation des mesures annoncées ». Une amnistie fiscale Au cours de cette enquête, l'IACE a demandé aux chefs d'entreprises s'ils disposent de mesures d'accompagnement à proposer. 72% d'entre eux ont suggéré une série de recommandations dont principalement le report pour une période plus longue les impôts et taxes, la prise en charge totale ou partielle des retenues à la source sur salaires, la mise en application des mesures déjà prises, le déconfinement progressif pour les entreprises, une amnistie fiscale et le report du paiement des factures auprès les établissements étatiques (STEG, SONEDE). Ils ont proposé également de prolonger les procédures actuelles du chômage technique pour une période dépassant le mois d'avril, de faciliter la réglementation pour le travail partiel, de baisser les taux d'intérêt (TMM) et de règlementer des dettes de l'Etat au profit des entreprises privées. Un guide pratique de déconfinement D'autre part, l'IACE voit que la situation économique du pays vire au rouge et la sonnette d'alarme déclenchée par les entreprises qui risquent de fermer si le confinement se poursuit (même avec les mesures de support annoncées par le gouvernement pour les entreprises). Et d'ajouter :" Le risque de licenciement, en vue de la perte des entreprises leur capacité financière à prendre en charge tous les employés. Plus l'arrêt de travail se prolonge et s'étend dans le temps, plus les dommages à long terme pour l'économie tunisienne seront importants et plus la reprise sera lente après la levée des restrictions. La préservation des vies est importante mais maintenir l'économie est aussi primordiale, non pas pour des raisons de profitabilité et de gains à court terme mais plutôt pour des préserver les vies à moyen et long terme". Toujours selon l'IACE, contenant des mesures spécifiques avec des timelines de mises en place. Les autorités doivent procurer aux acteurs économiques qui seront autorisés à reprendre leur travail un guide des pratiques à suivre pour cette période de déconfinement graduel. Par ailleurs, la levée de restriction d'activité pour les acteurs économiques doit être évaluée selon deux critères, à savoir ; critère économique et critère sanitaire. Pour le critère économique : l'entreprise doit avoir un carnet de commande, les petits commerces alimentaires, les services de proximité pourront réouvrir, à condition de faire respecter les gestes barrières, l'autorisation de l'ouverture des restaurants uniquement pour l'activité traiteur (pas de service sur place) et les services fournis par les indépendants (l'électricien, réparation informatique, le plombier, le mécanicien automobiles, le menuisier) seront autorisés à reprendre leur travail. L'institut recommande aussi d'établir un guide bien déterminé pour assurer le critère sanitaire durant la levée graduelle du confinement.