Partout dans le monde, la lutte contre la pandémie du Coronavirus n'est pas renfermée dans les exigences, bien qu'importantes, de la réponse sanitaire ! L'après -Covid est dans tous les esprits et il crée un sacré remue-ménage dans les idées politiques et économiques des élites. En Tunisie, certains efforts sont faits dans ce sens et c'est peut-être l'occasion de renouveler l'offre politique extrêmement pauvre jusqu'ici ! Le virus chamboule tout. Il chamboule nos connaissances scientifiques et tous les virologues sont mobilisés à travers les laboratoires du monde pour connaitre chaque jour un peu plus sur cette maladie. Le Coronavirus, bien que pressentie par certains depuis des années en parallèle à la lutte de l'humanité contre les virus de la même famille qui tuent tous les ans des milliers des morts, demeure encore une énigme réelle par ses symptômes, sa guérison, sa contagion, etc. Mais les effets sociaux, économiques et politiques sont encore plus dramatiques. Il suffit de voir comment la vie s'est arrêtée du jour au lendemain dans les villes les plus grouillantes de vie de par le monde. Comment les industries les plus complexes et les plus ramifiées se sont trouvées bloquées. Le modèle du flux tendu cher aux gourous de la mondialisation est stoppé net ! En parallèle, d'autres valeurs entrent en jeu. Soudain on se préoccupe de l'importance de la solidarité, on se rend compte de la valeur du service public de la santé. On voit, à travers le confinement et la crise, comment le gap entre les couches de la société est profond, injuste et inhumain. Et puis on recommence à reparler du rôle de l'Etat régulateur des marchés et garant d'une certaine répartition plus juste des richesses. Mais ces idées-là, honnies jusqu'à pas longtemps par la pensée libérale triomphante ne sont que des idées de gauche. Elles ont été toujours des idées de gauche. En Tunisie, où la gauche a été laminée autant par ce libéralisme triomphant, auquel elle n'a pas eu d'alternative, que par la sclérose des ses principales figures, est absente aujourd'hui de ces débats très important pour l'avenir. Pourtant la lutte contre le coronavirus remet au gout du jour les valeurs de gauche. C'est le moment, normalement, de voir les ténors de la gauche radicale ou socio-démocrate se hisser au niveau de ce moment historique. Que ce soit pour la lutte systématique et sans concessions contre la corruption qui dévore les maigres acquis de la république, il doit y avoir des réponses de gauche qui ne soient pas dans les retouches superficielles. Ou que ce soit pour les inégalités sociales, mises à nu en ces moments difficiles où on se rend compte du nombre inouïs des laisser pour comptes de notre système défaillant, il doit y avoir des analyses de gauche plus humaines et plus intelligentes que la simple gestion bureaucratique de nos gouvernants. Pour les inégalités régionales, pour la distribution de la richesse, pour la gestion des grands équilibres économiques, pour le rôle formidable de la société civile, pour notre agriculture et pour ses circuits de distribution infectés par la corruption, l'évasion fiscale et la contrebande, pour l'enseignement en panne , pour tous ces sujets et pour des centaines d'autres, il faut des réponses de gauche qui osent remettre à plat toutes les convictions des économistes libéraux et inventer l'espoir. Mais, à y voir de plus prés on ne perçoit pas du tout de réponses de cette gauche qui, jusqu'ici, ne sait que répéter un discours dogmatique qu'elle ressasse depuis des années, sans aucune lueur d'innovation ! A ce rythme-là, notre gauche peut encore perdre ce nouveau rendez-vous avec l'histoire.