Alors que le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, et ses lieutenants ne cessent d'appeler les Tunisiens à se préparer à de nouveaux sacrifices après le prélèvement d'une journée de travail sur les salaires des fonctionnaires et des employés du secteur privé, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) est montée au créneau pour exprimer son rejet des «mesures douloureuses» que l'exécutif compte prendre pour mobiliser des ressources financières destinées à combattre l'épidémie du Covid-19. « Nous rejetons les déclarations successives des hauts responsables et leurs appels suspects aux Tunisiens de se préparer à des mesures douloureuses qui constituent des violations des droits des salariés et visent les entreprises publiques, ayant supporté, à elles seules, pendant cette épreuve toutes les charges, notamment dans le secteur de la santé publique», a précisé la centrale syndicale dans un communiqué publié mardi soir à l'issue d'une réunion de son Bureau exécutif. Et d'ajouter : «Nous appelons le gouvernement à cesser de prendre des mesures touchant les salaires des fonctionnaires et leurs acquis et à revenir sur la circulaire du ministre des Finances relative à la maîtrise des dépenses publiques et plus particulièrement les dépenses salariales». Le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, avait affirmé le 19 avril, que les Tunisiens ont fait don d'une journée de travail dans le cadre d'un élan de solidarité visant à lutter contre l'épidémie du coronavirus, indiquant qu'ils devraient faire plus de sacrifices. «Nous sommes encore en période de solidarité, nous ne sommes pas encore entrés dans l'étape des sacrifices, ceux-ci viendront ultérieurement», a-t-il déclaré dans un entretien accordé à la télévision nationale. Vendredi dernier, le ministre du Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, Slim Azzabi, a fait savoir de son côté que la restructuration des entreprises publiques sera accompagnée de mesures douloureuses. Dans son communiqué publié quelques heures seulement avant l'annonce par le gouvernement de la stratégie nationale du confinement sanitaire ciblé, l'UGTT a d'autre part déploré «avec colère» la dégradation de la situation sociale des employés du secteur privé, des professions libérales, des artisans, et des personnes sans soutien. Elle s'est également inquiétée, dans ce cadre, de la hausse sans précédent des prix des produits de consommation courante et noté l'absence de toute volonté politique de lutter contre la spéculation et d'améliorer le contrôle des circuits de stockage et de distribution. La centrale syndicale a par ailleurs fustigé le refus de certains hommes d'affaires d'appliquer l'accord du 14 avril 2020, sur le versement des salaires du mois d'avril aux employés confinés malgré les aides qu'ils ont reçu de la part de l'Etat. Sur un autre plan, l'UGTT a rejeté avec véhémence «les nominations intervenues lors de la dernière période, à l'heure où les salariés sont privés, à tort, de la promotion et où leurs acquis leur sont retirés», en allusion à la nomination des deux dirigeants du mouvement Ennahdha Imed Hammami et Oussama Ben Salem en tant que conseillers auprès du chef du gouvernement avec rangs de ministres et de secrétaire d'Etat. «Ces nominations ne tiennent pas compte du caractère critique de l'étape marquée par un manque de ressources. Elles ne répondent pas au principe de compétence, mais obéissent à des considérations partisanes et au principe du partage de butin et d'extorsion politique, comme c'est le cas dans certains secteurs stratégiques, à l'instar du transport», souligne l'organisation ouvrière.