Le fiasco total de l'enseignement supérieur à distance en Tunisie pendant la période du confinement n'a pas laissé d'autres choix –vraiment ?- au ministère de tutelle que d'ordonner la reprise des cours dans les universités, incessamment sous peu, histoire de «sauver» in extremis, et à risques et périls, la présente année universitaire qui, en réalité, touchait, de toute façon, à sa fin. A peine annoncée, la décision n'a pas manqué, illico, de préoccuper étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, et de susciter, par là même, un large débat autour des conditions sanitaires improbables et de la logistique défaillante dans les établissements universitaires. Annoncé par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Choura, lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi 29 avril, le retour aux universités se fera, donc, à partir du 1er juin prochain dans toutes les institutions publiques et privées, à l'exception de l'enseignement de la médecine et des études de la santé, dont le retour est prévu pour le 11 mai. Les examens, les soutenances et autres projets de fin d'études auront lieu, toujours selon le ministre, durant le mois de juillet. Les vacances universitaires auront lieu au mois d'août et la nouvelle année universitaire reprendra au mois d'octobre. Les étudiants respirent Globalement donc, la première bonne nouvelle, c'est qu'il ne sera plus question, maintenant, de craindre le scénario de l'année blanche, longtemps évoqué, et qui a très logiquement inquiété les étudiantes et les étudiants, pas très enthousiastes, en effet, à l'idée de perdre du terrain à mi-parcours ; mais qui a surtout affolé leurs parents, à qui une année universitaire, avec toutes les charges qui vont avec, leur coûte chaque année, et comme on le sait tous, les yeux de la tête… La deuxième bonne nouvelle, c'est que tout ce beau monde, étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, disposent, désormais et de maintenant, d'un mois entier pour pouvoir se préparer au déconfinement et à la reprise, tant mentalement et physiquement qu'hygiéniquement et « matériellement ». Tout le monde, bien entendu, sauf les filières de la santé qui devront s'organiser à la hâte pour se remettre aussitôt en selle à partir du 11 mai. Une exception qui suscite, soit dit en passant, moult interrogations. Ceci dit, ce sont plutôt les normes d'hygiène et les précautions sanitaires qui posent aujourd'hui problème et qui sont, de facto, au cœur des préoccupations du corps enseignant et de celui estudiantin, d'autant plus que la Tunisie ne s'est pas encore débarrassée, définitivement, du corona-fléau, malgré la stabilité notable et non moins encourageante, du moins jusqu'à maintenant, au niveau de la situation épidémique du pays. Pourtant, on n'est pas encore à l'abri d'une « deuxième vague » de contaminations, à en croire Abdellatif Mekki, le ministre de la Santé, qui a appelé récemment à la vigilance, et dont les « prévisions », pas très rassurantes, de son département concordent mal, en réalité, avec la reprise des cours, programmée par le ministère de l'Enseignement supérieur. Quelle logistique ? Sinon, qu'en est-il du protocole sanitaire qui accompagnera cette reprise universitaire ? Le ministère de l'Enseignement supérieur va-t-il s'assurer du bon déroulement de ladite reprise, et prendre ainsi toutes les précautions nécessaires en vue de protéger la santé des enseignantes et enseignants et de leurs étudiantes et étudiants ? Quels sont les préparatifs sur le plan budgétaire et surtout en matière de logistique pour aborder cette reprise ? Le ministère va-t-il distribuer gratuitement les masques de protection à toutes les personnes concernées ? Va-t-on procéder à une stérilisation quotidienne et méthodique des divers établissements, dont les foyers universitaires ? Comment s'assurer, en pratique, de la bonne application des mesures-barrières de distanciation dans les divers amphis et autres salles de classes ? Les distributeurs de gel hydroalcoolique seront-ils placés dans les couloirs ? Et, question la plus irrésistible, presque aberrante, reste : est-ce qu'on va fournir finalement du savon dans les toilettes des étudiantes et des étudiants ? Parce que, figurez-vous, qu'en temps normal, il n'y en a jamais eu… En tout cas, on va se dire que le ministère a, encore, largement du temps pour régler toutes ces questions et bien d'autres. Alors, vivement la rentrée ?