Les enseignants universitaires exigent le versement de l'indemnité d'encadrement La rentrée universitaire s'annonce sous de mauvais auspices, à la faculté des Sciences de Tunis. La tension entre étudiants et enseignants ne cesse de s'accentuer. Un bras de fer opposant la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs) et le ministère de l'Enseignement supérieur est engagé depuis mai 2017. Conséquence : pris en otages dans ce bras de fer, les étudiants se sont trouvés privés de leurs diplômes. Les grandes portes de la faculté se sont ouvertes, hier matin, après une fermeture forcée de la part des syndicats estudiantins qui a duré une semaine. Depuis lundi dernier, les jeunes protestataires en sit-in ont bloqué l'entrée de l'université pour revendiquer la remise de leurs diplômes. La rentrée universitaire a été perturbée par ce mouvement de protestation. De nouveaux bacheliers battent le pavé, en quête de classe, d'un amphi ou d'un département. Afin de nous renseigner sur la situation, on s'est dirigé vers le secrétariat général de la direction de l'établissement. À la réception un homme nous lance : «Il ne faut pas que les étudiants vous induisent en erreur. Les deux parties ont raison, à parts égales». Une étudiante inscrite en deuxième année cycle d'ingénieur, nous parle des évènements qui ont eu lieu récemment au sein de l'établissement. «Depuis lundi dernier, les étudiants concernés par le boycott, ainsi que des membres des syndicats estudiantins, ont forcé la fermeture de la porte de la faculté. Ils ont interdit aux étudiants et au corps enseignant d'entrer. La rentrée universiateire a été totalement bloquée. Mais aujourd'hui, ils ont suspendu le sit-in, car il y aura des négociations en vue de trouver des solutions à ce conflit». Un groupe de sept étudiants, inscrits en deuxième année licence mathématiques, sont assis sur un banc de la cour. Ces derniers discutent de la situation des étudiants inscrits en cursus de mastère et dont l'avenir est incertain . Un jeune parmi eux nous fait part de son désenchantement. «470 étudiants en terminale entre cycle d'ingénieur et cycle LMD sont concernés par le boycott de la soutenance des projets de fin d'études. C'est vrai que ce qui leur est arrivé est malheureux, mais le fait de paralyser le déroulement de la rentrée des étudiants est injuste ! Il y a des filières universitaires qui débouchent obligatoirement sur des concours avec des échéances, telles que les écoles préparatoires. La situation est devenue intenable pour les étudiants de ces filières!». Indemnité de coordination pédagogique A vrai dire, le tableau peine à se dessiner. Les enseignants ont enfoncé le clou. Les étudiants, ainsi que les syndicats des étudiants à la faculté, menacent d'une reprise de la grève, dans le cas où le problème ne se résout pas. Dans un communiqué publié le 8 septembre par la Fgesrs, au menu des revendications des enseignants figurent le payement des indemnités dues par le ministère de l'Enseignement supérieur et le refus de la nouvelle loi électorale qui régit les conseils scientifiques dans les universités tunisiennes. Le ministère de l'Enseignement supérieur a, de son côté, clarifié, à travers un communiqué rendu public le 18 septembre, que les indemnités d'encadrement des années universitaires 2013/2014 et 2014/2015, ont été entièrement payées. Toutefois, les enseignants à la faculté des Sciences de Tunis revendiquent une autre indemnité nommée «indemnité de coordination pédagogique». Cette dernière n'a aucun fondement législatif et n'est citée dans aucune loi tunisienne relevant de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, selon le ministère. Quant à la loi électorale des conseils scientifiques, le ministère a répondu, qu'elle a été amendée après une consultation qui a duré 6 mois et qui a vu la participation de la majorité des établissements universitaires et de tout le corps enseignant. Ledit ministère affirme que la nouvelle version de la loi en question fait l'objet de satisfaction de la majorité écrasante du corps enseignant. Boucs émissaires Pour comprendre la situation d'une manière factuelle, un étudiant, en cycle ingénieur génie électronique, dont l'anonymat sera gardé, et qui figure parmi les 470 étudiants privés de leur diplôme, nous en parle. «Cela fait neuf mois que nous nous trouvons dans cette situation. En janvier 2017, les professeurs ont refusé de valider nos sujets de PFE. Lorsque nous les avons contournés, alors ils n'ont pas hésité à boycotter la soutenance des PFE. Ils ont affirmé que le déroulement normal de l'année universitaire ne reprendra son cours qu'après le payement de leurs indemnités par le ministère. Tandis que, dans tous les autres établissements sur toute la Tunisie, le problème a été résolu et lesdites indemnités d'encadrement ont été versées, les enseignants de la faculté des Sciences de Tunis revendiquent l'indemnité de la coordination pédagogique. On a finalement fait les frais de ce bras de fer qui n'a que trop duré et qui nous a privés de nos diplômes. J'ai raté plusieurs occasions d'embauche!». Une autre étudiante inscrite en troisième année licence informatique s'emporte à son tour. «Aujourd'hui, nous voulons médiatiser notre cause ! Figurez-vous que je suis admise au cycle d'ingénieur dans une autre école. Les étudiants ont déjà commencé les cours, et moi je n'ai pas encore obtenu mon diplôme!». La rentrée s'annonce chaude !