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«Rénover la pensée musulmane après des siècles de stagnation»
Entretien avec Mohamed Talbi
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

En ces temps où l'amalgame est roi, où au nom de l'Islam on tue son semblable, Talbi continue à prôner une lecture vectorielle du Coran qui consiste à prendre en compte l'intentionnalité du Livre Saint et non pas les jugements émis à une époque révolue. Il se définit, ainsi, comme un penseur libre en islam, un musulman coranique, laïc, moderne et rationnel. Entretien
Quels motifs vous ont poussé à créer l'Association internationale des musulmans coraniques ?
Pour rénover la pensée musulmane après des siècles de stagnation, qui firent de l'Islam une religion incompatible avec la modernité, obscurantiste, favorisant le terrorisme avec les conséquences actuelles.
Quelles entraves empêchent le musulman du XXIe siècle de devenir un citoyen moderne, obéissant aux lois de la République ?
Toutes les entraves sont dans la Charia, œuvre humaine désuète, formulée au IXe siècle, et figée jusqu'à ce jour. Durant deux siècles, les musulmans vécurent très bien sans Charia. Œuvre humaine pour une époque révolue, la Charia n'oblige aucun musulman en son âme et conscience. Seul le Coran oblige. Notre association proclame l'abolition de la Charia ; et l'adhésion à la laïcité, neutralité de l'Etat, parfaitement compatible avec le Coran, lu d'une lecture dynamique dans son intentionnalité, une lecture que nous définissons comme vectorielle et sans cesse progressiste dans le sens de la Hidâya, c'est-à-dire de guidance de l'éclairage coranique. Sans la Charia, un musulman peut vivre partout sur Terre, en parfaite harmonie avec le Coran et sa conscience, en obéissant aux Lois de la cité.
Comment prétendre que le Coran n'est pas un ensemble de lois, alors que des châtiments corporels y sont expressément inscrits ?
Le Coran, lisez-le. Il n'est pas un Code. Il est la Voie droite vers l'Au-delà (Al-Sirâte al-Mustaqîme). Il est un Livre de Foi. Les châtiments corporels? Il y en a très peu, dictés par les circonstances, comme des châtiments limites (hudûd) à ne pas dépasser, et il est vivement recommandé d'en rester en deçà. On peut donc les abolir, en conformité avec l'esprit du Coran, et de son intentionnalité, par une lecture vectorielle du Texte divin, comme nous l'avions déjà indiqué. Les châtiments les plus intolérables du reste, la lapidation et la peine capitale pour apostasie et blasphèmes, ne sont absolument pas dans le Coran. Ils sont des empreints au Judaïsme biblique. En cas d'homicide volontaire, le Coran recommande expressément et vivement de ne pas appliquer la peine capitale. Le Coran est abolitionniste. Pour nous, si la Charia est passéisme, obscurantiste et rétrograde, le Coran est modernisme et progressisme continu.
Visiblement influencé par Bergson, vous prônez une lecture spirituelle du Coran. Comment trouvez-vous la voie intrinsèquement scientiste empruntée par Mohammed Arkoun ?
Bergson ? Avant de quitter le lycée, j'avais déjà lu toute son œuvre. Il était très en vogue en mon temps. Je n'avais rencontré Sartre qu'étudiant à Paris. La voie de Mohammed Arkoun ? Elle n'est pas la mienne. Je suis un penseur musulman pratiquant. Il ne l'était pas. Berbère de Kabylie, il apprit l'arabe, nous dit-il, comme une langue étrangère. Elevé par les Pères Blancs, comme le Kabyle Jean Amrouche qui n'apprit pas l'arabe, il ne se convertit pas, comme lui, au Christianisme, mais il abandonna l'Islam. Se définissant comme anthropologue, il rêvait de substituer à l'enseignement religieux, ce qu'il appelait «le fait religieux». Révolté par les attentats du 11 septembre, il en attribua la cause à l'Islam, et particulièrement au Coran dans lequel il vit, comme tous les Chrétiens, un livre de violence. Il préconisa, en conséquence et avec insistance, l'interdiction de son apprentissage dans les écoles. Or, je suis un musulman coranique, et ainsi est l'Association dont je suis le Président.
L'orthodoxie musulmane contemporaine semble dominée par les références hanbalites, voire ach'arites. Là où il y avait une certaine diversité au sein même de l'Islam, il semble aujourd'hui que le monde musulman, tous rites confondus, est de plus en plus modelé par l'exercice du soft power religieux des pays du Golfe. Qu'en dites-vous ?
L'orthodoxie, c'est le salafisme qui règne partout, pas seulement dans les références hanbalites, avec, au bout, l'exacerbation terroriste. Qu'est-ce que j'en pense ? Il ne faut pas, d'abord, être défaitiste. L'orthodoxie salafito-terroriste sera inéluctablement vaincue par les armes, d'abord. Mais cela ne suffit pas.
Amir Mastouri :Etudiant à l'Université Toulouse 1 Capitole


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