Une action est menée depuis la crise sanitaire afin de venir en aide aux artistes, loin des caméras et autres propagandes... Lorsqu'on entend le mot «artiste», on a l'impression de voir l'argent couler à flots sur eux, les belles maisons, les belle voitures, etc. Des clichés importés par ce qui se passent ailleurs, comme les Etats-Unis, la France, etc. Or, le métier d'artiste est un des métiers les plus aléatoires. Il faut comprendre par «artistes» toute une corporation, incluant ceux qui sont au-devant et ceux qui sont dans l'ombre, comme les techniciens qu'on oublie souvent et qui sont une des bases de la production. Car sans eux, pas de lumière, pas de son, pas de décors, pas d'accessoires, pas de maquillage, pas de costumes, etc. La plupart de ces artistes n'ont que leur métier pour vivre. On peut les appeler «artistes freelance» ou «intermittents du spectacle», car ils sont payés pour un travail ponctuel et n'ont aucune autre source de revenu. D'autres artistes sont professeurs, donc dépendants du ministère de l'Education ou du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ou ils sont devenus, par la force des choses, fonctionnaires ou contractuels du ministère des Affaires culturelles. Donc leurs arrières financiers sont assurés. Mais, ils sont très peu dans ce cas au regard du nombre d'artistes sur l'ensemble du pays. Certains artistes peuvent rester de longs mois sans travailler car les productions nationales ne sont pas aussi nombreuses que l'on croit. Si l'on prend l'exemple d'une pièce de théâtre, elle peut faire une tournée de cinq ou six représentations et s'arrêter. Les personnes qui ont travaillé dessus se retrouver au chômage. Pareil pour les films, les feuilletons, et tout autre spectacle ponctuel. Ces artistes se retrouvent dans une précarité. Et cette précarité a été accentuée par la crise sanitaire que connaît le monde. Plus de productions, plus de spectacles, arrêt des festivals, donc plus de travail. D'autant plus que certains n'ont pas encore été payés pour le service qu'ils ont accompli au cours de 2019 sur des festivals. Faire face à la précarité Pour faire face à cette précarité, une action solidaire est en train d'être menée par Majdi Zarrai, un intermittent du spectacle, soutenu par des artistes, par le groupe «Coujinet el zaouali» («Cuisine solidaire»), par des membres de la société civile, et par des citoyens lambdas, loin des caméras et autres propagandes. D'ailleurs, Majdi Zarrai nous a déclaré : «Nous avons fait notre action sans publicité, car nous tenons à conserver la dignité des gens, pour qui ne se sentent pas redevables». «Avec des amis, nous avons fait le tour des artistes pour obtenir des dons afin d'aider d'autres artistes dans le besoin ; des artistes qui n'ont pas d'autres moyens de ressource que leur art. Certains grands artistes, financièrement bien dotés, ont refusé de participer à cette action, sous prétexte qu'eux aussi ''étaient dans le besoin''. D'autres ont, tout de suite, répondu à l'appel, comme Jamel El Aroui, aussi secrétaire général du syndicat national indépendant des professionnels des arts dramatiques, Wided Elmi, Habiba Jendoubi, Wafa Taboubi, et l'homme de médias Afif El Frigui», a ajouté l'intermittent du spectacle. «''Coujinet el zaouali'' nous a soutenu dans notre action, logistiquement, financièrement, etc. Il y a même des citoyens lambdas qui nous ont aidés». Il est à noter qu'il n'y a aucune connotation, ni couleur politique dans cette action. Cette démarche est faite dans une totale transparence. Tout l'argent collecté a servi pour des paniers garnis du nécessaire. «Tout est fait de manière transparente. D'ailleurs, nous avons tous les justificatifs. La première tranche est arrivée à ses destinataires. Nous allons entamer une seconde car nous avons encore une longue liste de personnes qui ont besoin d'aide», nous a dit Majdi Zarrai.