La cité populaire d'Ezzahrouni, proche banlieue de la capitale, vient de connaître récemment un crime gratuit qui a fait une victime innocente. En effet, un jeune individu, dans la force de l'âge, a payé de sa vie son refus d'acheter à un ivrogne une bouteille d'eau minérale. C'est dire les conséquences néfastes qui résultent de l'absorption immodérée de l'alcool qui fait perdre la lucidité à grand nombre de consommateurs, même invétérés. Ce fut le cas de ce quidam qui a organisé une beuverie nocturne avec la participation de son frère et du gendre de la victime. Pour son malheur, le destin a guidé les pas du beau-père jusqu'à l'endroit maudit où les protagonistes ingurgitaient le calice jusqu'à la lie. Il faisait alors terriblement chaud, outre les vapeurs éthyliques qui embrumaient les cerveaux de ceux qui festoyaient. L'accusé interpella l'infortuné passant, le priant de lui acheter une bouteille d'eau minérale fraîche pour se désaltérer. Refus catégorique de ce dernier qui déclencha les hostilités. Les insultes verbales faillirent se transformer en bagarre, n'eût été l'intervention énergique du frère de l'inculpé. L'accalmie ne fut pas de longue durée et le gendre reprocha au futur meurtrier son attitude belliqueuse, ce qui mit le feu aux poudres. Rebelote avec, cette fois-ci, l'apparition de l'arme du crime, un couteau que l'accusé planta dans la poitrine de la victime qui succomba presque aussitôt à sa blessure. Dépêchés sur les lieux, les agents de la protection civile, sur ordre du procureur de la République, transportèrent le cadavre à la morgue de l'hôpital Charles Nicolle de Tunis pour les fins de l'autopsie tandis que les agents de la brigade criminelle ont été chargés de l'enquête. Le meurtrier a été arrêté et a reconnu avoir porté à son rival le coup mortel, mais a-t-il dit : " je n'avais pas l'intention de le tuer ". Néanmoins, l'accusation de meurtre avec préméditation a été retenue contre lui. À l'audience devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Tunis, l'inculpé a avoué son acte meurtrier et précisé qu'il l'avait commis sous l'influence de l'alcool, sans pour autant avoir eu l'intention d'assassiner son rival. La défense lui a emboîté le pas et demandé au juge de considérer ce drame comme étant des violences graves ayant entraîné la mort sans vouloir la donner. La cour s'est retirée pour délibérer avant de condamner l'accusé à vingt ans de prison.