Suite à la décision du ministre de l'Enseignement Supérieur de reprendre les cours aux universités le 1er juin 2020, enseignants et étudiants ont exprimé, massivement, leur colère et déchainement face à un ordre jugé « illégitime et irrationnel ». Oui, se jeter dans l'eau, risquer nos vies et celles des autres, constitue un péril endémique effrayant. En effet, les étudiants, venus généralement de loin, se sont trouvés face à un tiraillement hallucinant : faut-il obéir aux ordres et mettre sa vie en danger, ou rater une année entière ? Les professeurs, quant à eux, sont assez conscients de la situation critique actuelle, situation qui exige prudence et attention vis-à-vis d'une pandémie désormais menaçante. « Je ne suis pas un bouc-émissaire », telle est la phrase poignante d'une étudiante, inscrite en 3e année licence fondamentale qui exprime son indignation, sa crainte et sa panique à l'égard d'une décision mal réfléchie. Le ministre de l'enseignement supérieur a-t-il pris ses dispositions ? A-t-il pensé aux victimes que cette décision pourrait déclencher ? Certes non ! N'oublions pas également l'absence d'hygiène dans les cités universitaires et les foyers étatiques qui ne disposent que de toilettes communes et de douches collectives. Nous devons avant tout opter pour une bonne stratégie sanitaire qui assure la sécurité des individus : mettre à la disposition des étudiants et des enseignants des bavettes, du gel hydroalcoolique, du savon, en réalité de simples moyens, malheureusement absents en temps normal. Comment fournir à ces derniers, démunis et incapables de répondre au moindre besoin, une chambre individuelle, une aide financière, un transport sain et dégagé ? Impossible ou presque ! Tenons compte de ceux qui se plaignent des longs trajets, de la chaleur estivale et de la misère, c'est la goutte qui débordera sans doute le verre. Il faudrait bien étudier le plan de cette décision, garantir la paix et la bonne santé de tous pour éviter un nombre de dégâts attendu. « Le combat contre le « Covid-19 » continue encore : la santé compte le plus ; les études et l'année universitaire pourraient être reportées, il n'y a pas le feu ! », ainsi écrit, furieusement, une étudiante sur son compte facebook. En fait, il faut absolument tenir compte de plusieurs facteurs : organisation de cours individuels ou en petits groupes, disposition des enseignants, moyens financiers des étudiants et notamment le transport et le logement, sans oublier de penser aux troubles psychiques de ces derniers, troubles résultant d'un long confinement découlant de la démotivation, du découragement et de l'oisiveté. Ayant quitté leurs établissements depuis presque deux mois, ces derniers souffrent de la routine, de la fainéantise, de l'angoisse de l'avenir et des affres du virus. Il ne leur serait donc pas évident de reprendre les cours dans de pareilles conditions : bavettes difficiles à supporter, chaleur infernale, risque de contamination, retour du mouvement et de l'encombrement. Revoyons alors les décisions prises et pensons à ceux qui se sacrifient la vie pour réussir et satisfaire leurs parents ; la solution est simple : reporter la reprise, ce qui rassurera les étudiants et les enseignants et leur assurera le succès dans de meilleures conditions. En fin de compte, bien-être et bonne santé comptent avant toute chose ; « tout le reste est faiblesse », dit Vigny !