Accoucher en pleine période de confinement, ce n'est surement pas le rêve des futures mamans. Mais depuis le confinement, deux accouchements à domicile assistés par le SAMU 1 ont eu lieu à Tunis. Un événement forcément bouleversé par la pandémie de coronavirus et les restrictions dues au confinement. Et de nombreuses questions médicales et matérielles peuvent se poser. Le témoignage du Pr Mounir Daghfous, chef de service du SAMU 1 du Nord Est. . LE TEMPS : En cette période de confinement, nombre de femmes enceintes coincées chez elles commencent à se poser des questions sur le déroulement de leur grossesse et de l'accouchement à venir. En tant que SAMU, est ce que vous rassurez ces femmes? Pr Mounir Daghfous : Oui, bien sûr, nous les rassurons doublement, les services de santé reproductive dans tous les établissements sanitaires publics et privés fonctionnent normalement et sont donc à leur disposition à toute heure de jour comme de nuit aussi bien pour le suivi de leur grossesse que pour les accouchements. Aussi et s'il y a des difficultés à accéder au services de soins du fait de l'éloignement du domicile ou bien du fait de la rareté des transports notamment aux heures du couvre-feu, le SAMU est à leur disposition pour les transférer ou, le cas échéant, assurer l'accouchement comme c'est le cas pour deux d'entre elles récemment. L'important, c'est de ne pas hésiter à consulter ou à appeler leur médecin traitant ou le 190 en cas de problème émaillant le déroulement de leur grossesse. . En tant que SAMU, vous avez procédé à deux accouchements à domicile. Est-ce que vous avez racontez des difficultés? Effectivement, nous avons eu au SAMU 01 à intervenir par deux fois en 15 jours pour assurer un accouchement à domicile chez des femmes à terme et qui n'ont pas eu le temps ou la possibilité de rallier un service d'obstétrique du fait de l'absence de moyens de transport aux heures du couvre-feu alors que le travail était rapide et l'accouchement imminent. Evidemment, nos équipes sont formées aux techniques d'accouchement et nous disposons dans les unités mobiles de réanimation de nos SMUR du matériel nécessaire pour assurer un accouchement par voie basse en toute sécurité et pour assurer un transfert immédiat et sécurisé aussi bien pour la femme que pour le nouveau- né. Je parle là des accouchements par voie basse « non dystociques » et imminents qui laissent très peu de temps au médecin d'intervention pour assurer le transfert vers un centre spécialisé. Si le médecin suspecte la moindre dystocie (ce qui est exceptionnel au vu des traditions de suivi minutieux des femmes enceintes dans notre pays), la régulation du SAMU avertit l'équipe obstétricale et la parturiente est transférée en extrême urgence directement au bloc opératoire. . Comment se déroulera le suivi post-accouchement ? L'équipe du SAMU qui a assuré l'accouchement et la délivrance va évidemment et dans tous les cas transférer la femme et le nouveau-né vers un centre obstétrical et de néonatologie pour assurer un suivi médical approprié et les soins de base nécessaires pour la femme et son enfant. Les équipes médicales de garde dans le centre hospitalier de destination sont évidemment averties par le médecin régulateur du SAMU des différentes étapes de la prise en charge et de l'évolution de l'état de la femme et du nouveau- né lors du transfert et, à l'arrivée, une transmission orale et écrite est faite entre les équipes pour assurer une continuité des soins de qualité. En cas de problème, l'équipe obstétricale ou de néonatologie est mise en relation directe avec l'équipe d'intervention du SAMU pour évaluer la situation clinique et prodiguer des conseils médicaux spécialisés au cours du transfert. . Le papa doit-il rester, confiné avec son épouse, à domicile? En cette période de pandémie virale, le principe général est toujours le même : se protéger et protéger sa famille et ses proches, à fortiori quand il y a un nouveau-né ou un nourrisson à la maison. Le problème n'est pas le fait que le père reste confiné ou pas car, même en dehors de cette pandémie Covid, il faut absolument éviter d'exposer le bébé aux différentes viroses. Il est donc déconseillé de laisser la famille et les amis approcher de très près ou d'embraser les bébés pour éviter de les contaminer par les différents virus « saisonniers ou pas » et les « épidémies cycliques » de bronchiolite qui inondent les cabinets de pédiatres et les services d'hospitalisation de pédiatrie sont dues principalement à l'exposition répétée des nouveaux- nés et des nourrissons aux viroses transmises par les différents visiteurs notamment l'hiver. Ce sont là les conseils que ne cessent de prodiguer chaque hiver les pédiatres aux parents et à leurs proches parce qu'il n'est pas rare de voir dans notre pays une saturation hivernale et cyclique des services de pédiatrie et de réanimation pédiatrique par des nourrissons atteints de bronchiolite contaminés justement par des familles « trop affectueuses » du fait de cette non observance de la distanciation. . Vos conseils pour les femmes enceintes? C'est évidemment de suivre scrupuleusement les conseils donnés par son obstétricien ou la sage-femme qui la suit. C'est le meilleur conseil qu'on puisse leur donner. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à « anticiper » une consultation dès qu'elle perçoit une anomalie dans l'évolution de sa grossesse ou de son état général. Evidemment, le SAMU reste à leur disposition en cas d'urgence ou en cas d'impossibilité de rallier une structure de soins.