Je me rappelle une chronique signée Fethi Houidi, la plume d'or. Elle s'intitulait : « La solitude du coureur de fond ». Face à cette limite poussée à l'infini, dans l'obsession de courir plus vite que le temps, il est dans une espèce de bulle. Une prison. Un étau qui se referme tandis que la distance s'allonge... Quelque chose dans la solitude des présidents de clubs évoque les tourments existentiels du coureur de fond. Et dans ce cas, les lièvres, pourtant réels, ne seraient que mirages. Hamdi Meddeb court. Il a une distance à parcourir. Mais plus il accélère, plus la distance s'étire. Entre-temps, les rivaux - plus structurés - n'en sont plus à la phase de reconstitution. Ils en sont au peaufinage. Alors que, lui, Hamdi Meddeb, doit pratiquement tout refaire. Ce sentiment de solitude exprimé sur nos colonnes (hier), a quelque chose de poignant. De cornélien même. Au départ - l'été dernier - après une investiture non désirée (par lui), les Espérantistes pensèrent qu'il rassemblerait les puzzles d'une famille espérantiste composite. Enigmatique même. Très vite, il se heurte à la vérité des comptes. Un déficit doublé de découvert bancaire de 400 mille dinars. Puis les traites et les chèques tombent. Ses prédécesseurs auront pris trop d'engagements, et trop investi dans des opérations vouées à l'échec. Et par surcroît, Meddeb se retrouve avec un effectif dont on ne tirait, au plus, que deux - trois « étalons » comme il en trouve plus facilement dans son écurie de chevaux. Mais, il y a deux semaines, c'est le couperet : le déficit serait de plus de deux millions de dinars ; lui, il affirme avoir déboursé plus d'un million et demi (sur ses fonds propres)... Mais ce qui le chagrine (Cf une interview accordée il y a deux semaines à Hassen Attia pour Assabah), c'est le fait de se retrouver seul. Seul ? Oui, mais de qui veut-il être entouré ? Sur qui veut-il compter ? Et, fatalement, une question tourmente les esprits espérantistes : Hamdi Meddeb est-il disposé à faire le grand déballage, a révéler toute la vérité sur le marasme dont il a hérité ? Par ricochet, qu'en est-il maintenant de ses rapports avec Chiboub, dûment éloigné du Parc B par le prédécesseur de Hamdi Meddeb, mais qui ne s'en rapproche pas plus, maintenant. Avec l'arrivée de Youssef Zouaoui, quelque chose prendra forme. Les recrues, les bonnes recrues, on ne sait pas vraiment où aller les dénicher. Et alors, la seule certitude aux mains de Meddeb c'est celle qui est en train de promouvoir la stratégie des jeunes. Le président espérantiste a raison d'y croire. Mais l'Espérance peut-elle attendre longtemps ? Cette contorsion d'idée fixe est née avec l'Espérance. D'où une situation kafkaïenne : Le club « Sang et Or » est pressé de prendre son temps. Gagner tout de suite et, en même temps, attendre que les jeunes mûrissent. Problématique adéquation.