Nous entamons la période post covid-19 dans un climat, le moins qu'on puisse dire flou, des restaurants vont ouvrir, avec un moral plutôt en berne. Cette expérience inédite qui a privé les citoyens de sortir diner, vivre en société dans un endroit choisi et qui a réduit beaucoup de gens du métier, patrons et personnels en chômage et les a mis dans un état de doute sur la reprise. Le Protocole sanitaire concocté par le ministère du Tourisme dans sa version actuelle semble à première vue sévère, restrictif, voire difficile à appliquer. Préparées dans l'urgence, les mesures d'hygiène et de prévention contre la propagation contre la pandémie du covid-19, tiennent compte exclusivement de la santé du client au détriment des gérants. Le redémarrage de l'activité des restaurants touristiques de l'après Covid-19 et son devenir a fait l'objet d'un débat entre M. Mohamed Ali Toumi et les représentants de la profession qui compte près de 360 restaurants touristiques, ceux-ci ont évoqué leur préoccupations, parmi lesquels l'allégement de la pression fiscale et la mise en application de certains aspects du Protocole Sanitaire. Mais à notre avis, la crise que va vivre les restaurateurs dépasse les responsables, parce qu'elle est organiquement liée à la situation économique et psychologique de la population qui étouffe encore sous les éléments de l'équation : la santé ou l'économie. Jusque-là notre pays tire une fierté de sa réussite à lutter contre la propagation du virus, nous avons franchi la première étape du confinement avec succès, mais cette politique a fatalement et douloureusement nui à l'économie et au moral des Tunisiens. Les restaurants après Covid « Les complications commencent dès la reprise, indique, Houas, directeur exécutif de la Fédération tunisienne des restaurateurs ; le restaurateur qui n'a eu aucune entrée d'argent pendant des mois, va se trouver confronté à des dépenses supplémentaires pour observer et appliquer les nouvelles consignes d'hygiène à respecter pour la prévention contre le covid-19. Ajoutez à ceci la formation des personnels d'accueil, de cuisine et de salle, la réduction de moitié du nombre des clients etc, etc, avouez que c'est une étape pénible et éprouvante ». En quoi consiste la formation du personnel ? « Il s'agit de sessions de formation accélérées pour les différents personnels de restauration, 30 à 40 personnes par session et par région dans chaque spécialité (accueil, salle, cuisine). » précise Houas. Plusieurs discussions autour du sujet nous ont conduit à imaginer un client type dans un restaurant, la qualité de la vie va-t-elle changer ; le temps de la table va-t-il passer par une période de résilience ? Absolument, vu que ce qui va se produire est nouveau, le scénario se présente sous des aspects sombres pour les restaurateurs et surréalistes pour les consommateurs. A la lumière des propos recueillis chez quelques habitués de restaurants, des festoyeurs et un cuisinier, nous sommes tentés de croire que les temps seront difficiles. Imaginons une sortie au restaurant, là où l'amitié et ou l'amour y sont vécus, avec la joie et le rire partagés, il faudrait désormais ne plus s'approcher l'un de l'autre, ne plus accorder la tape de l'amitié sur l'épaule d'un ami, ou oser un contact physique avec un enfant ; on se trouvera à moins de 4 convives autour d'une table, pas davantage. Il faudrait pour aller dans un restaurant recueillir des informations précises pour trouver un endroit qui répond scrupuleusement aux exigences du client (rapport qualité/prix, comportement du personnel, etc.), accepter de partager le temps de plaisir d'un déjeuner ou d'un diner… à une distance d'un mètre, de se trouver à deux mètres et demi de la table voisine, de s'essuyer avec une serviette à usage unique, etc. Bref, dans les restaurants, il faudra inventer des rituels nouveaux, stricts et contraignants. A quel prix le client va accepter ces petites «contrariétés» qui empoisonneraient l'ambiance ? Parce que, il faut s'attendre qu'avec l'application rigoureuse du Protocole sanitaire, l'on s'attend à ce que les gérants vont augmenter (à raison) leurs prix. Nous apprenons, au passage, qu'un restaurateur, (présent au débat avec le ministre), propriétaire d'un grand restaurant à Tunis, ne compte pas rouvrir ses portes de sitôt. Les raisons ? Manque de rentabilité. Nous écouterons d'autres avis.