Vue d'en haut, la reprise des activités à plein régime, toutes levées de restrictions comprises, ne peut être que synonyme de salvation. Pour les plus romantiques, il est même question de prendre la clé des champs, de jeter la bride sur le cou et de battre l'estrade, à loisir et à ciel ouvert. Mais vue d'en bas, loin s'en faut, se remettre enfin dans le bain signifie, de facto, ressortir gagner sa croûte, en jouant des coudes à longueur de temps, dans le pétrin horrible des embouteillages et dans le bourbier putride des transports en commun. Le tout, sous le soleil torride de ce mois de juin… Sur le terrain, les bus, métros, taxis collectifs et autres trains de banlieue ont retrouvé, dès ce lundi, leur rythme de croisière, et par là même, leur engorgement et leurs relents d'antan, et tournent désormais à plein gaz, dans la mauvaise odeur et jusqu'à la pléthore, après une période de « rodage » qui a accompagné, tout au long de ces dernières semaines, la reprise croissante des activités industrielles, administratives et commerciales, tous secteurs confondus, rythmée par une levée graduelle des restrictions sanitaires, et ponctuée par les différents paliers du déconfinement progressif et « ciblé », programmé par le gouvernement. Parallèlement aux transports en commun, c'est la circulation qui explose, aussi, à la volée, dans les diverses routes, rues et avenues de la Capitale et des grandes villes de la Tunisie, suite à la reprise du régime de la « double séance » dans l'administration tunisienne, décrétée par la présidence du gouvernement et entrée en vigueur, justement dès ce lundi 8 juin, après plus de deux mois de dispositions exceptionnelles, dictées par la propagation du corona-fléau dans nos contrées, et qui ont concerné la répartition et l'alternance des horaires et des jours de travail du personnel et des employés des divers établissements administratifs et autres entreprises publiques. Une nouvelle donne qui n'a pas manqué, bien entendu, de signer définitivement le grand retour à « la vie normale », et par ricochet, de tous les calvaires journaliers et les casse-têtes du train-train quotidien qui reviennent avec, notamment et en tête de liste, l'encombrement insupportable tant sur la voie publique que dans les transports en commun, durant les heures de pointes. « Capacité maximale » ?! Dans le même cadre, le retour emblématique à la double séance, qui intervient sur fond d'une franche amélioration de la situation épidémique dans le pays, a été accompagné, d'un autre côté, par la levée des restrictions et l'abolition des mesures exceptionnelles qui ont concerné tant la tarification que la capacité d'emport des transports en commun, durant toute la période du confinement. Le ministère du Transport et de la logistique a annulé, dans ce sens, la majoration temporaire de 50%, au niveau des tarifs des véhicules de transport rural, à l'intérieur des gouvernorats et dans les zones urbaines, entendez les taxis individuels et collectifs, ainsi que les louages à bande bleue. Les transports inter-villes et entre gouvernorats, ne sont pas concernés pour le moment par cette révocation, sur fond d'une grogne qui ne cesse de monter, soit dit en passant, dans les rangs des cheminots, d'un côté, qui menacent de faire grève très prochainement, et des propriétaires des louages, d'un autre côté, qui ont refusé dernièrement, en signe de protestation, de transporter les étudiant(e)s des universités, les élèves du baccalauréat et leurs enseignant(e)s, à l'occasion de la reprise des cours. Le ministère a enjoint, par ailleurs, les transports en commun, d'accueillir dorénavant, à l'occasion de la reprise des activités à plein régime, « leur capacité maximale en fonction du nombre total autorisé de passagers », lit-on dans le communiqué publié à propos, sans pouvoir, en effet, s'empêcher d'en rire, à la vue de tous ces métros bourrés de gens, de tous ces trains bondés de monde, et de tous ces bus débordés de tous les côtés, à peine les activités ont-elles été reprises… Au lieu de baliverner sur la « capacité maximale » des transports en commun dans nos contrées, le ministère du Transport ferait mieux de se secouer les puces en vue de trouver des solutions efficaces et durables à la crise aigüe et décidément chronique du transport public, qui tracasse les Tunisiennes et les Tunisiens depuis déjà plusieurs années, et qui n'a pas manqué de refaire terriblement surface, à peine sort-t-on du confinement.