Migrant clandestin contre migrant non-règlementaire ou encore en situation irrégulière. Ce n'est pas, du tout, un simple conflit de concept. C'est toute une divergence de vision. La Tunisie, côté officiel, utilise pour la première fois, le terme migration non règlementaire. Cette fois-ci, c'est au palais de Carthage que l'expression fut annoncée par le Président de la République, lors d'une rencontre avec Liciana Lamorgese, ministre Italienne de l'intérieur. Cette dernière, emploie, à l'instar de ses homologues européens, la qualification «clandestine», à chaque fois que le sujet de la migration non régulière est évoqué. En tout cas et indépendamment de la vision européenne outre celle onusienne (celle de l'organisation internationale pour les migrants qui considère les flux migratoires non-réglementaires comme clandestins), la Tunisie demeure au centre des tractations autour de ce sujet. Elle et d'autre pays, à l'instar de la Libye, sont considérés comme fief des opérations de migrations. C'est dans ce contexte que s'inscrit la dernière visite express de Liciana Lamorgese en Tunisie. Une visite de 4 heures qui a débuté par une rencontre avec Kaïs Saïed et surtout clôturée par une rencontre avec Hichem Méchichi, actuel ministre de l'Intérieur et Chef du Gouvernement désigné. Lamorgese s'est déclarée réconfortée par ces deux entretiens. Pour quelles raisons? L'Italie presse pour garder les côtes D'après les communiqués publiés par les services de la Présidence ainsi que ceux du ministère de l'Intérieur, la Tunisie opte, officiellement, pour une nouvelle coopération en matière de migration. « En Résumé, la migration irrégulière est un problème humanitaire qui nécessite la mobilisation des efforts des différents pays concernés », indique-t-on au communiqué de la Présidence. On y ajoute également qu'il faut identifier des solutions pour garantir le maintien des migrants dans leurs pays. La dernière expression semble réconforter la partie Italienne qui se trouve récemment confrontée à une nouvelle vague de migration irrégulière. D'après, une source proche du dossier, cette vague est la principale raison de cette visite expresse. La partie Italienne revendique ainsi plus de rigueur en terme de contrôle des frontières maritimes. La Tunisie devrait mieux faire à ce propos ? La réponse de Hichem Méchichi, était favorable à ce propos. Notre source précise encore que Méchichi a promis plus d'efforts à ce propos. Les Italiens quant à eux, ils promettent plus d'aide. Entre l'officiel et l'officieux, la Tunisie, au plus haut sommet de l'Etat, a changé de vision, mais demeure quand même fidèle aux anciens accords signés avec l'Italie. Des accords concernant le contrôle des frontières et surtout le rapatriement des Tunisiens en situation irrégulière en Italie. D'après les chiffres du Forum Tunisiens des Droits économiques et sociaux(FTDES), les six premiers mois, de l'année en cours, ont connu en moyenne 7 vols de rapatriements de 75 migrants tunisiens en provenance de l'Italie. Des vols secrets qui ne figurent même pas dans le registre de l'aéroport Enfidha, où atterrissent des avions loués principalement de la Turquie. Pour les Turcs, c'est un simple business. Notre source va plus loin en précisant que la Tunisie serait de plus en plus sollicitée pour la question migratoire. Et il faut toute une nouvelle vision à ce propos. Une vision qui commence par admettre la qualité irrégulière ou encore non-règlementaire et non pas clandestine de la migration. « La Tunisie a franchi un premier pat. Il faut actuellement pourvoir négocier », précise notre source. Z.D.