Tunis a perdu depuis l'avènement du troisième millénaire, en l'année 2000, au moins ses trois grands kiosques à journaux qui étaient situés sur le terre-plein de l'Avenue Habib Bourguiba. Et ils n'étaient pas seulement des kiosques ordinaires, du fait qu'ils vendaient des livres et particulièrement de poche en langues française, anglaise et arabe. D'autres petits kiosques situés sur la même avenue et sur les rues et avenues avoisinantes ont eu le même sort. Une fâcheuse décision où les politiques et l'ancien maire de la capitale avaient même évoqué l'installation ou la construction de mini-théâtres et de petites salles de spectacles sur la grande avenue, ou sur le même terre-plein ! Mon œil ! Les monts et merveilles étaient bien promis. Le commun des citoyens et les intellectuels s'attendaient à des espaces de rêves, voire à une nouvelle vie que Tunis allait acquérir et en jouir. Mais rien ne fut. Car tout ce qui avait été rasé n'avait pas été remplacé par quoi que ce soit. Le désert était là pour circuler et non se promener, puisque rien n'incitait à y rester. Les bancs publics allaient tout de même être réinstallés. Mais cette « réalisation » était superflue. Une campagne d'analphabétisme et de non motivation à la lecture était installée. Les gens d'un certain âge avaient perdu leurs repères et leur marchand de journaux habituel. Ajoutons à cela les salles de cinéma qui avaient fermé ou qui ont été remplacé par des espaces commerciaux (Champs-Elysées, Capitole et Studio 38.) La culture était à portée de main, si bien que la présence des kiosques à journaux incitait, un tant soit peu, à la lecture. Les revendeurs de journaux et de revues vendaient, comme précédemment signalé, des livres, parfois à bas prix. En ce temps là et bien avant encore, la lecture de romans était un acte anodin auprès des élèves du secondaire, des étudiants qui en parlaient entre eux et des citoyens lambda, tous âges confondus. La soif de connaissance et de culture générale habitaient une majeure partie de la population des années soixante, soixante dix et quatre vingt du siècle dernier. Et qu'en est-il advenu aujourd'hui ? Il nous arrive souvent quand on voudrait acheter un journal de faire le tour de Tunis pour trouver un revendeur. Ce dernier est devenu une denrée rare. De plus, les débits de tabac ont en plus enfoncé le clou, car ils ne vendent plus de journaux ou de revues, car leur bénéfice est devenu très faible. Les banlieues de Tunis sont devenues aujourd'hui mieux nanties que le centre de Tunis en matière de kiosques à journaux qui font parfois fonction de librairies. Ces dernières se comptent sur les doigts des deux mains au centre ville.