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Commerce au détriment de la culture
Le visage de l'avenue Habib Bourguiba se dégrade
Publié dans Le Temps le 11 - 08 - 2009

Promenade de la Marine, Avenue de la Marine, Avenue Jules Ferry, Avenue Habib Bourguiba, la principale artère du centre de Tunis n'a pas changé que de nom. Elle a en effet subi diverses transformations visant à lui donner chaque fois un nouveau look.
C'est le dernier lifting de 2001 qui lui a donné son visage actuel, même si depuis, bien des choses ont changé sur cette avenue historique à la vocation désormais plus commerciale que jamais. Nous avons pris tout notre temps l'autre jour pour recenser les principaux commerces auxquels l'avenue Habib Bourguiba donne actuellement lieu des deux côtés de ses chaussées carrossables. Notre petite enquête a révélé que cette artère centrale a perdu beaucoup de ses spécificités d'antan au profit des activités exclusivement commerciales. Voici d'abord quelques-unes des données chiffrées auxquelles nous avons abouti après le modeste recensement effectué sur ce site et qui n'a concerné que les rez-de-chaussée des immeubles et bâtiments de l'avenue.

Que de cafés sur seulement un kilomètre !
Il existe en ce moment près de 35 cafés (avec ou sans terrasse) des deux côtés du tronçon séparant la Place de l'Indépendance de la gare du métro de la banlieue nord, zone qui s'étend sur moins d'un kilomètre. Salons de thé, cafétérias, brasseries, petites buvettes, bistrots, voilà le commerce prédominant qui accueille dès les premières heures de la matinée jusqu'après dix heures du soir et plus, des clients très hétérogènes qui n'ont pas vraiment de préférences quant aux cafés fréquentés. D'ailleurs, les frontières s'estompent parfois complètement entre les terrasses aménagées par les commerçants devant leurs locaux. De plus, les sièges et les parasols de ces cafés se ressemblent tellement que les cafetiers eux-mêmes peinent à distinguer les leurs de ceux du voisin. On compte aussi 10 magasins et boutiques de prêt-à-porter indépendants, mais ce chiffre relativement faible ne tient pas compte des activités du même genre existant à l'intérieur des 5 grands centres commerciaux de l'avenue. Autrement il faudrait le multiplier par 4 au moins.

L'Avenue côté cour et côté jardin
Pour ce qui est des établissements bancaires, il y en a 10 qui ont tous élu domicile sur la partie de l'avenue située entre la statue d'Ibn Khaldoun et la grande horloge, tout comme les 5 agences de voyages et les 5 hôtels de luxe donnant sur le site. Sinon, l'avenue compte aussi 12 kiosques vendant journaux, revues, CD, cartes postales et babioles diverses ; douze gargotes et petites pizzérias, 5 locaux de publitel (taxiphones), 4 marchands de fruits secs, 3 boutiques spécialisées dans la vente des produits de beauté, 3 parfumeries, deux bureaux d'assurances, deux restaurants, deux pharmacies, une lustrerie, un magasin de literie, un studio de photographie, une agence de location de voitures que nous n'avons jamais vu ouvrir ses portes, une bijouterie et une horlogerie. Les 18 fleuristes encore sur les lieux ont été refoulés vers la station de métro de la banlieue. C'est d'ailleurs dans la zone la moins bien aménagée de l'avenue que se trouvent aussi la seule station d'essence du coin, le principal arrêt de bus, le siège de l'Ordre des ingénieurs et de vieux hangars et bâtiments relevant de la société de transport ou de la STEG. L'Avenue Bourguiba abrite aussi deux toilettes publiques dont l'une est difficilement repérable parce que embusquée dans le jardinet d'un café en face de l'horloge géante et l'autre trop petite. Il faut dire qu'avec le nombre impressionnant de cafés qui se trouvent dans les alentours, les urinoirs de ce genre deviennent de trop et peuvent fermer leurs portes 7 jours sur 7 et pas seulement le dimanche.

La culture, l'orpheline du site
Nous n'oublierons pas de mentionner le bâtiment de l'ambassade de France, la cathédrale, les sièges et bâtiments de ministère (il y en a trois). Pour ce qui est des locaux à vocation culturelle, leur nombre et l'espace qui leur est réservé sur la grande avenue se réduisent chaque saison un peu plus. Le Théâtre municipal est l'heureux rescapé d'une vague de destruction qui a failli, il y a quelques années le raser. On ne compte plus que trois salles de cinéma donnant sur l'avenue Bourguiba bien que deux d'entre elles se situent à l'intérieur de complexes commerciaux et administratifs et ne sont donc pas vraiment visibles. Il n'y a d'autre part qu'une seule librairie dans le coin. Les bouquinistes d'antan ont été délogés pour s'installer on ne sait où loin de l'avenue.

Abou Zayyane Essaadi
Ces chiffres sont révélateurs d'une mutation profonde que d'aucuns jugent préjudiciable à la spécificité de la plus célèbre artère de Tunis (de Tunisie aussi peut-être). Abou Zayane Essaadi, le penseur et l'écrivain connu, a de tout temps arpenté cette avenue et fréquenté ses multiples cafés. Nous lui avons donné la parole pour qu'il nous livre ses impressions sur la nouvelle vocation qu'a prise le site. Voici ce qu'il en pense :
" C'est sur une décision du conseil municipal que cette maladroite transformation fut entreprise. Aujourd'hui, il faut faire retrouver à l'avenue son rayonnement culturel d'autrefois, à l'époque où elle abritait et de manière régulière sinon continue, plusieurs manifestations culturelles et artistiques. Aujourd'hui, même les kiosques à journaux qui vendaient en même temps des livres neufs et d'occasion ont disparu, et il nous faut aller plus loin pour acheter notre quotidien préféré. C'est une mauvaise mesure même sur le plan touristique, tout comme celle d'enlever les bancs publics et de déloger les fleuristes. Ce que vous voyez maintenant ce n'est pas de l'animation véritable ; en fait c'est un incessant va et vient des passants qui ne reflète pas le vrai visage de la capitale et de ses habitants. Ces derniers aiment les fleurs et les belles choses. Il y a trop de voitures dans le centre-ville désormais pollué et sale. Qu'on réinstalle les bancs publics parce que les cafés ne sont pas nos espaces favoris surtout depuis que leurs prix sont devenus exorbitants et leurs services médiocres. Il est inadmissible par ailleurs qu'il n'y ait qu'une seule librairie dans le coin et qui plus est trop chère pour les bourses moyennes. Nous n'avons rien contre le commerce, mais au moins qu'on réhabilite les espaces culturels et qu'on fasse l'équilibre entre le commercial et le spirituel dans les activités autorisées sur l'avenue. "

Les fleuristes se plaignent
Nous avons interrogé également quelques fleuristes parmi ceux qui se sont installés près de la station de métro. Ils sont unanimes pour dire que le dernier réaménagement de l'Avenue Habib Bourguiba les a beaucoup lésés : " Nos recettes ont diminué de moitié à cause de la délocalisation que nous avons subie. Et corollairement, nous ne sommes plus en mesure de faire employer le même nombre de personnes. Notre budget considérablement réduit nous impose aujourd'hui de travailler avec la moitié de l'effectif d'autrefois. Nous avons cru à un certain moment que la situation était provisoire et qu'un jour nous retrouverions nos emplacements initiaux. Maintenant, nous déchantons totalement, parce que certaines informations nous sont parvenues selon lesquelles nous ne quitterons plus jamais cet endroit pour un autre ! "


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