p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" «Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès », disait le grand Mandela. C'est, en d'autres termes, la logique de la main tendue et le nécessaire équilibre institutionnel pour une gouvernance saine et répondant aux vœux de la vox-populi. Naturellement, un Etat est, par essence, hiérarchisé. Mais l'équilibre institutionnel fait que « le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu), ce qui suppose que chacun et chaque institution soient dans leurs rôles respectifs et qu'il n'y ait pas d'empiètement d'un pouvoir sur un autre. C'est théorique. Mais c'est aussi l'essence même de la démocratie, garde-fou contre les dérives dictatoriales. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"La réalité se révèle être, cependant, toute autre. Et, à plus forte raison, dans une démocratie inachevée comme la nôtre et qui est née en 2011, déjà avec une tare congénitale : la suprématie de la partitocratie et la sujétion de l'Exécutif au diktat législatif, cependant que le pouvoir juridictionnel reste, à ce jour, une grande hypothèse. p class="p2" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Méchichi n'est pas un Brutus p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Les médias, les observateurs avertis et les politiques très portés sur les détails ont orienté leurs antennes, depuis la prestation de serment du Gouvernement Méchichi, vers Carthage. On se rappelle que, ce jour-là, le Président est entré dans une fureur bleue. Nul besoin de disserter encore sur la sainte horreur que voue Kaïs Saïed aux partis politiques, quels qu'ils soient, et, sans faire dans les détails, à l'endroit de la classe politique tout entière. Soit. Un antisystème comme lui, se retrouve fatalement dans une élévation messianique, du fait que le plébiscite de trois millions de Tunisiens vomissant les partis, l'a propulsé à Carthage. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Sauf que, ce que le Président atypique ne réalise toujours pas, c'est qu'il est rattrapé par la machine institutionnelle, telle que maladroitement sanctifiée par « la meilleure constitution du monde ». Quelque part, il s'y est plié, et de mauvaise grâce. Il avait choisi Fakhfakh -avec, au final, le flop qu'on connait- puis il a choisi Hichem Méchichi pour l'envoyer dans la fosse aux lions. Ce qu'il n'a peut-être pas prévu, c'est que Méchichi a été adopté par ceux-là mêmes dont Saïed croyait qu'ils le rejetteraient. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Cela pourrait aussi expliquer le coup de gueule du 1er septembre. Sauf que, là où les interprétations ont fusé, c'est quand le Président n'ait reçu que le vendredi 11 septembre celui qui était destiné à être « son » Premier ministre, mais dont les 134 voix au Parlement en ont fait un Chef du gouvernement. Prémices, déjà, d'une cassure ? Lubies d'un homme que Carthage est en train d'embaumer de mystères ? La solitude d'un Président dont on ne sait vraiment pas qui sont ses éminences grises, puisqu'il change toujours de staff ? Distanciation stratégique taraudée par des questionnements existentiels ? Sinon, désengagement pur et simple ? p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Nous ne donnerons pas crédit à un Safi Saïd, annonciateur attitré d'apocalypses et qui prophétise une mauvaise fin pour le Président. Mais ce retrait inquiète surtout ceux qui ont cru en lui et qui attendent qu'il réponde, dans les faits, à ce que « le peuple veut ». En tous les cas, ce repli, peut-être bien stratégique, profite bien à une certaine ploutocratie doublée de médiocratie, celle-là même qui le juge encombrant ! p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Voit-il d'un mauvais œil le dynamisme politique, jusque-là insoupçonné, de Hichem Méchichi qui entreprend un marathon de négociations avec les partis, tous sans exception ? Y verrait-il, par hasard, l'intrusion de taupinières ? Dans tous les cas de figures, Kaïs Saïed serait plutôt avisé de redouter « les mauvaises consciences » qui l'entourent, plutôt que Hichem Méchichi, un homme droit et difficilement influençable. Méchichi n'est pas dans la psychologie d'un Brutus. p class="p2" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Politique étrangère «erratique» p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Entre Carthage et la Kasbah, ce sont tous les axes de l'Exécutif qui s'y déploient. Et un Chef du gouvernement auquel le Chef de l'Etat tournerait le dos, cela ne ferait que provoquer un déséquilibre institutionnel favorisant la montée en puissance d'un Parlement sur lequel la nouvelle coalition autour d'Ennahdha cherchera à faire main basse. Encore davantage : en ces jours troubles entre la recrudescence du Covid-19 et les complots terroristes déjoués et visant à instaurer des califats au Sud du pays, la situation tant sanitaire que sécuritaire suppose l'implication directe du Chef de l'Etat, en sa qualité aussi de Président du Conseil de sûreté nationale. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Ils sont nombreux à appeler le Président à actionner l'article 80 inhérent au « Péril imminent », ce qui lui confèrerait de larges prérogatives, supplantant, entre autres le pouvoir du Parlement de légiférer. On attend, néanmoins la tenue de ce Conseil, même si l'on juge judicieuse la retenue dont fait preuve le Président face au recours à l'article 80 (contrairement à ce que poste son propre frère). Il existe, néanmoins, urgence à prendre des décisions que Méchichi ne peut pas décréter seul, et sans le Président. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il y a aussi El Kamour ; il y a Ras Jedir, et il y a la Libye qui est en train de passer sous domination « néo-ottomane ». Autant de chantiers ouverts, dangereux, et qui portent, déjà, la préfiguration d'un champ de ruines. Méchichi se veut pragmatique. Saïed, lui, veut un miracle. Or, ne convient-il pas de se ressourcer chez Bourguiba qui disait : « Etre réaliste, c'est préférer une réforme modeste, qui en appelle une autre, à un miracle impossible ». p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Tous ces chantiers, avec son économie sinistrée, la Tunisie ne peut pas s'y attaquer, seule et sans appuis de la part de nos traditionnels partenaires. Ceux-ci ne demandent que ça. Ils veulent sauver « la révolution du jasmin ». Nous ne parlons pas ici des féodalités des pétrodollars, celles qui sont connues pour « leur péremptoire avarice », comme disait Hassan II et qui ne donnent que pour mieux asservir les mains qui leur sont tendues. Il s'agit plutôt de partenariat et de supports financiers. Le FMI, c'est une fatalité à gérer. Soit. Mais le gouvernement Méchichi a besoin d'attirer des Investissements directs étrangers et de retenir les investisseurs étrangers, comme les entreprises pétrolières qui menacent de plier bagages. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"C'est dans ce contexte, que le gouvernement Méchichi ne saurait survivre dans l'autarcie. Il a besoin d'ouvertures et d'horizons internationaux. En un mot, une diplomatie économique. Et, là, tout dépend du Président. Tout dépend de la percussion diplomatique. Kaïs Saïed est dans ses droits quand il n'aime pas le système tunisien, tel que proclamé par la constitution. En aucun cas, il ne saurait donner une image piteuse de la diplomatie tunisienne. Parce que comme l'a dit ce diplomate de carrière, Ahmed Ounaies sur les ondes de Mosaïque Fm, « la politique étrangère de la Tunisie est erratique ». p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Les limogeages en cascade, Paris (qu'on ne peut jamais mettre en bouteille) est sans ambassadeur tunisien. Treize autres ambassades sont à l'arrêt. Et puis, ces histoires de représentants permanents auprès des Nations Unies...Certes, c'est le champ des compétences exclusives du Président. Mais pour le gouvernement Méchichi, cela se traduit par un lourd manque à gagner. Quant à l'image de la Tunisie à l'Extérieur, il nous suffira de nous regarder dans la glace.