Une nouvelle pression pour faire la lumière sur cette affaire. Après l'Allemagne, des laboratoires français et suédois ont confirmé, hier, que l'opposant russe Alexeï Navalny a bien été empoisonné au Novitchok. Le 3 septembre, un laboratoire militaire allemand avait déjà conclu à l'empoisonnement de l'opposant au Kremlin, âgé de 44 ans, par ce puissant agent neurotoxique. Une conclusion contestée par Moscou. Pour étayer la thèse d'un usage du Novitchok, le gouvernement d'Angela Merkel avait donc "demandé à d'autres partenaires européens, à savoir la France et la Suède, de vérifier de manière indépendante les preuves allemandes", a expliqué hier le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert. Le Novitchok, un agent hautement toxique, avait déjà été utilisé contre l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille, Ioulia, en 2018 en Angleterre, selon les autorités britanniques. Considéré comme une arme chimique, le Novitchok se présente le plus souvent sous la forme d'une fine poudre susceptible de pénétrer les pores de la peau ou les voies respiratoires. L'Allemagne attend "des éclaircissements" Berlin a "sollicité l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans l'analyse des preuves dans l'affaire Navalny", a prévenu Steffen Seibert. La Convention sur l'interdiction des armes chimiques, signée en 1993, prévoit notamment "pour tous les Etats signataires de recevoir une assistance technique de l'OIAC". L'Organisation a ainsi "prélevé des échantillons de M. Navalny et a pris les mesures nécessaires pour les faire analyser par les laboratoires de référence de l'OIAC", a précisé le porte-parole. En Suède, le laboratoire spécialisé dans les substances hautement toxiques de l'Agence suédoise de la recherche sur la Défense, basé à Umea, a analysé les échantillons. Outre la Russie, "il est peu probable qu'un autre pays signataire de la Convention (sur l'interdiction des armes chimiques) puisse obtenir" cet agent neurotoxique, a commenté Asa Scott, cheffe de division pour la défense et la sécurité au sein de cette Agence. Dans ce contexte, le gouvernement allemand a réitéré "l'appel lancé à la Russie pour qu'elle apporte des éclaircissements à ce qu'il s'est passé", selon Steffen Seibert. La question de sanctions reste sur la table, tout comme l'avenir du projet de gazoduc Nord Stream 2, mené par la Russie et plusieurs pays européens, avec au premier chef l'Allemagne.