Le festival de cinéma essentiellement militant retrouvera-t-il ses lettres de noblesse pour redevenir ce qu'il était auparavant, libre et fécond ? Se séparera-t-il de cette étrange habitude du tapis rouge qui jusque-là a été foulé par, entre autres, des artistes de chiffons et actrices siliconées ... au grand dam des cinéphiles ? Allons-nous continuer d'insulter notre petite histoire du cinéma en faisant d'un festival engagé ce qui ne l'est pas ? Elles sont à ‘' la recherche du temps perdu, du côté de chez''... les connaisseurs en matière de cinéma. Les Journées cinématographiques de Carthage se voient enrichies, cette année, de cinéphiles vrais connaisseurs du cinéma. On citera bien entendu Kamel Ben Wanès, francophone francophile et cinéphile de la première heure qui fait partie du comité directeur de ladite manifestation. De son côté Sayda Bourguiba son doctorat en cinéma en poche et aidée de son expérience au sein de l'agence tunisienne de presse TAP, s'est vu confier la tâche de collecter les archives et toute la documentation concernant les JTC depuis leur création en 1966. Et c'est tant mieux ! Le festival créé par Tahar Chriaa il y a 50 ans s'est voulu un rendez-vous incontournable entre spécialistes du cinéma africains et arabes. Sauf que le festival engagé et militant s'est vu au fil des années s'octroyer un autre qualificatif bien surprenant celui de festival ‘'grand public'' puisqu'il est investi par des personnes toutes catégories d'âge et sociales confondues. Et c'est tant mieux ! Et tant pis si un public non cinéphile s'est vu courir dans les quatre coins de la capitale pour voir des films qui n'ont rien de commercial ou de purement mercantile ... ce faisant bien entendu à la formule du m'as-tu vu ? Quoi qu'il en soit on ne peut que saluer cette résolution de prendre du temps de répit pour réfléchir « au passé, présent et avenir » d'une manifestation qui n'en finira pas de nous surprendre. Cette année aucun cinéma ne raflera des prix mais des films seront consacrés et un hommage vibrant sera donné, on l'espère bien, à celles et à ceux qui le méritent. Et l'on prendra certainement du plaisir pour voir ou revoir des chefs d'œuvre qui ont fait auparavant la réputation des JCC. On prendra certainement le temps de se laisser émerveiller, de regarder défiler devant soi des années d'histoire du cinéma engagé et militant qu'on ne devrait point insulter.