La Cité balnéaire vit depuis le 12 août et jusqu'au 19 du même mois, sous le rythme de la 32ème édition de son Festival internationale du film amateur, fief incontournable de découverte de talents, considéré depuis toujours comme le berceau d'un grand nombre de cinéastes et techniciens de la scène tunisienne ; certains sont devenus célèbres à l'échelle internationale, dont Férid Boughedir et Ridha Béhi, pour ne citer que ces noms. Le Festival international du film amateur de Kélibia (FIFAK) résiste en effet depuis des années, et continue grâce à ses fondateurs et organisateurs, de porter haut le cinéma amateur tunisien, de génération en génération depuis plus de cinq décennies. Organisé par la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs, (FTCA), le FIFAK qui draine chaque année, des jeunes réalisateurs en provenance du monde entier, est soutenu par le ministère des Affaires culturelles, en collaboration avec le Centre national du cinéma et de l'image et la municipalité de la ville de Kélibia. La FTCA, un espace de réflexion et de débat Estimé comme étant la plus importante rencontre de jeunes cinéastes, cinéphiles et étudiants des écoles de cinéma en Tunisie, le FIFAK réunit chaque session, plus de 1000 personnes entre participants au festival, différentes associations de cinéma et membres de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs qui est, rappelons-le, un espace de réflexion, de débat et surtout, une vraie pépinière de formation au moment où le pays ne possédait pas encore d'école de cinéma. Prisé aussi bien par les amateurs que par les professionnels, le festival a eu l'honneur d'accueillir au fil des sessions, des invités de marque, dont Michel Khleifi, Gaston Kaboré, Alain Bergala, Youssef Chahine et Pablo César. Le FIFAK invite pour sa 32ème édition, de grands professionnels qui ont marqué le cinéma arabe et africain, comme le Syrien, Mohamed Malas, les Palestiniens, Mohamed Bakri et Rashid Masharawi, le Burkinabé, Dani Kouyaté, le Malien, Salif Traoré et le Sénégalais, Moussa Touré qui a animé un séminaire sur le cinéma africain, sans oublier la participation des deux illustres comédiennes, Leila Toubel de Tunisie, Areen Omari de Palestine et Pascale Chavance, spécialiste du montage et de la postproduction en France. « Tant qu'on vit », film d'ouverture Le festival dont la clôture prévue pour ce samedi 19 août, se déroule depuis huit jours au Théâtre de plein air de la Maison de Culture de Kélibia. Chaque soir, des projections de films sont programmés pour se prolonger parfois jusqu'à 01H00 du matin, en présence du public (très nombreux) qui suit jusqu'à la fin. Les matinées elles, sont consacrées aux débats des films, colloques, tables rondes et rencontres menées par des spécialistes du cinéma. C'est « Tant qu'on vit » de Dani Kouyaté qui a fait l'ouverture du FIFAK 2017. Traitant d'un thème universel, celui de l'identité, le film raconte l'histoire de Kandia, femme d'origine africaine qui vit en suède depuis trente ans puis décide de rentrer en Gambie. Son fils Ibbé, fruit d'un mariage mixte, rêve de musique et de projets dans le pays qui l'a vu naitre. En suivant les traces de sa mère, la rencontre avec le pays d'origine prendra une tournure inattendue... Un beau film qui a fait l'objet d'un débat, le dimanche 13 août en présence du réalisateur et du modérateur Tahar Chikhaoui, critique de cinéma et président d' Archipels Images, (association française à Marseille). Soirées hommage au cinéma palestinien Des soirées spéciales ont rendu hommage au cinéma palestinien, avec la projection de « Fayçal Husseini, un homme, une patrie et une ville » de Rashid Masharawi. Le film montre quelques séquences de sa vie et de son combat face aux politiques des autorités d'occupation israéliennes à Jérusalem et en Palestine et sa résistance aux colonies de peuplement. L'autre documentaire de Masharawi, « La Maison de l'Orient », révèle les pratiques de l'occupation israélienne visant la destruction de toute entité palestinienne indépendante à Jérusalem en particulier et en Palestine en général. Areen Omari a présenté quant à elle, « La première leçon », son premier court métrage de fiction, dédié à sa patrie, la Palestine. Vivant à Ramallah, elle a joué dans de nombreux films palestiniens, arabes et internationaux, dont « Ecriture sur la neige » par Rashid Masharawi (2017). Areen Omari nous a confié qu'elle sera parmi nous, prochainement à Tunis, à l'occasion des JCC. Ils ont honoré le FIFAK Outre l'hommage rendu au cinéma subsaharien avec la projection de « Nothing going on » d'Arnold Aganz (Ouganda), une autre section vient enrichir le programme : « Ils ont honoré le FIFAK » dont le but est de saluer l'action à des célébrités qui ont honoré le FIFAK lors des sessions précédentes ; des artistes qui ont contribué au rayonnement du festival d'une manière ou d'une autre, en participant aux jurys, séminaires, rencontres, tables rondes, ateliers de formation ou avec un film d'ouverture pour faire revivre la mémoire du festival. Cette année, on a opté pour le Syrien, Mohamed Malas, réalisateur de « Les rêves de la ville » film qui a remporté de nombreux prix dans des festivals régionaux et internationaux,dont le Tanit d'Or aux JCC (84), Palme d'Or à la Mostra de Valencia (84 ) et Prix UNESCO Cannes( 84). Enfin, des personnalités ayant marqué le 7ème Art en Tunisie et auxquels le FIFAK rend également hommage : Hammouda Ben Halima, « l'ermite du cinéma tunisien » ; Kalthoum Bornaz, », la battante du cinéma d'intervention » ; Taoufik Raies, » le calligraphe du regard » ; Raja Ben Ammar, « passionaria du théâtre libre » ; Ali Ben Abdallah, « le fils prodigue de la FTCA » ; Lotfi Maoudoud, « le militant pour la cause des handicapés » et Adnène Meddeb, « le cri du regard ». Cette nouvelle session du FIFAK témoigne encore et toujours de l'histoire du plus ancien des festivals arabes et africains qui a ses nombreux adeptes, admirateurs et fidèles en Tunisie et à l'étranger.