L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'accusaient mutuellement, hier, de violations du cessez-le-feu censé être entré en vigueur à midi heure locale (8h TU). Cet arrêt des combats avait été négocié avec Moscou après près de deux semaines de combats intenses pour la région séparatiste du Haut-Karabakh. Après une matinée de combats, le calme n'a régné que brièvement à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, avant que les deux camps ne s'accusent à nouveau d'attaques. « L'Arménie viole de manière flagrante le cessez-le-feu, tente d'attaquer dans les directions de Fizuli-Jebrail et Agdam-Terter » au Haut-Karabakh, a déclaré le ministère de la Défense azerbaïdjanais. « Les forces azerbaïdjanaises ont lancé une attaque à 12h05 », soit après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, a de son côté déclaré le ministère de la Défense arménien, dénonçant le « mensonge » de Bakou concernant les attaques arméniennes. Dans Stepanakert quasi-déserte, les sirènes d'alerte, qui ont résonné une grande partie de la matinée, se sont arrêtées au moment de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, avant de reprendre. Les habitants, terrés depuis des jours pour s'abriter des bombardements, sont timidement sortis sur le pas de leur porte pour regarder le ciel et tendre l'oreille. Les chef de la diplomatie arménien et azerbaïdjanais avaient convenu, avec la médiation russe, d'un cessez-le-feu après des négociations de plus de 10 heures qui se sont terminées très tard dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou. « Parvenir à un règlement pacifique » Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le cessez-le-feu doit permettre « d'échanger des prisonniers de guerre, d'autres personnes et les corps des tués avec la médiation et en accord avec les critères du Comité de la Croix Rouge », précise notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin. L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont également engagés « à des négociations substantielles pour parvenir rapidement à un règlement pacifique » du conflit, a ajouté Sergueï Lavrov. Ces négociations s'engageront au sein du groupe de Minsk de l'OSCE, co-présidé par la Russie, les Etats-Unis et la France qui reste donc le principal médiateur international du conflit. Les détails du cessez-le-feu seront discutés dans les jours qui viennent au sein de cette instance. Après une dizaine de jours de combats meurtriers qui ont fait plusieurs centaines de morts de part et d'autre, cette avancée a fait naître un fragile espoir. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent l'enclave du Haut-Karabakh depuis plus de 20 ans, une première guerre entre 1988 et 1994 y avait fait plus de 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés. Bakou accuse la France de manquer au devoir de neutralité Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères a accusé samedi la France de manquer à son devoir de neutralité dans sa tentative de médiation dans le conflit du Haut-Karabakh. Lors d'une conférence de presse, Ceyhun Bayramov a estimé que la France avait violé le principe de neutralité, soulignant que l'Azerbaïdjan n'avait en revanche observé aucune violation de ce type de la part de Moscou. Un accord de cessez-le-feu est intervenu à midi heure locale entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan afin de procéder à un échange de prisonniers et des dépouilles des victimes du conflit. La France a appelé à un strict respect de ce cessez-le-feu - - qui a subi rapidement de nombreuses violations selon les belligérants - afin de "créer les conditions d'une cessation permanente des hostilités entre les deux pays". "Des discussions substantielles, auxquelles les parties se sont engagées sous l'égide des co-présidents du groupe de Minsk, doivent reprendre sans préconditions", a déclaré une porte-parole du Quai d'Orsay, ajoutant que la France restait "mobilisée pour y contribuer dans ce cadre".